- Je suis têtu de nature et même un dieu ne parviendra pas à me faire démordre de mes convictions.
- Alors les ordres divins vous indiffèrent ?
- Oui. Donnez-moi une bonne raison de vous accompagner, qui ne soit pas d'ordre spirituel. Si vous parvenez à me convaincre, je vous suivrai.
- Et si je vous le demandais, en mon nom propre ? murmura Chantelys en se penchant vers le jeune homme.
Ses grands yeux brillaient d'un feu étrange, mais Sirius soutint leur regard sans faiblir.
- Pourquoi vous accorderais-je cette faveur ? Je vous connais à peine.
La jeune elfe posa sa main sur le coeur de Sirius.
- Parce qu'ici, vous savez que nous sommes pareils. Vous ne m'abandonnerez pas entre les mains d'Erza. C'est ma confiance inébranlable en vous qui vous persuadera de venir.
- Vénérée, vous m'avez fait céder deux fois. La troisième fois que vous tenterez de me faire aller à l'encontre de ce que ma raison me dicte, vous ne gagnerez pas. Je vous en préviens maintenant. Souvenez-vous-en quand vous essuierez un non définitif.
- J'espère que votre raison ne divergera pas trop de mon chemin.
- Ma mère me disait toujours que j'étais trop audacieux et que je finirais par me tuer faute de précautions. J'étais un fonceur. Mais les années que je porte, bien que peu nombreuses, m'ont appris la prudence. Je ne suis pas l'homme des combats désespérés, même justes, si je sais, au plus profond de moi, que je ne pourrai pas vaincre. Pour vous, Vénérée, je l'ai déjà fait trois fois : contre Gork, en acceptant de vous accompagner dans votre quête du Sceptre et maintenant dans la lutte contre Erza. J'ai gagné la première fois, ce fut par un coup de chance inouïe. Je souhaite seulement qu'elle ne tourne pas.
Sirane marchait à côté de Noor qui avait rabattu son capuchon noir sur la tête. Son regard fut attiré par l'anneau d'argent au doigt du mage et qui avait l'étonnante particularité d'avoir des reflets changeant subitement de couleur.
- Qu'est-ce que votre anneau ?
- Un Anneau des Sortilèges. Il renferme beaucoup d'énergie et possède certains sortilèges propres.
- Pourquoi Zeloran a-t-il demandé à Hypnoz une de ses prêtresses pour vous accompagner ? demanda Sirane à brûle-pourpoint.
- Qui sait ? Peut-être pour m'éviter de céder à la tentation quand j'aurai le Sceptre en main.
- Zeloran serait trop content de voir votre soeur devenir une déesse.
Noor murmura :
- Croyez-vous que votre escorte soit bien utile ?
Sirane se retourna pour regarder son frère et Chantelys.
- Ils vous dérangent ?
- Ils pensent à bien autre chose qu'à vous protéger.
La jeune fille sourit.
- Même s'il n'était pas chargé de veiller sur moi, Sirius serait le bienvenu puisqu'il est mon frère. Vous semblez l'oublier.
- Je n'oublie rien, Vénérée. Mais plus nombreux nous serons, plus il me sera difficile de tous nous prémunir efficacement.
- Croyez-moi, Sirius est de taille à se défendre seul, tout en faisant en sorte que son amie soit en sécurité.
- Si c'est ce que vous croyez... Accélérons, nous devons traverser rapidement ce qui est facile, et les plaines de Droth sont sans danger. Elles ne méritent pas que nous nous y attardions.
Il interpella Sirius :
- Dites-moi, votre cheval peut-il galoper avec une double charge ?
- Bien sûr ! Je ne crois pas qu'il soit d'ailleurs utile d'acheter une autre monture, sinon pour le confort de la prêtresse.
- Alors, nous nous en passerons.
Noor lança son destrier noir au galop, suivi des deux autres. Chantelys chuchota à Sirius :
- Pourquoi vous obstinez-vous à ne pas m'appeler par mon prénom, comme je vous l'ai demandé ?
- Laissez-moi m'y habituer. C'est nouveau pour moi de parler familièrement à une prêtresse.
Chantelys haussa les épaules.
Au soir, ils avaient parcouru la moitié des plaines de Droth sans avoir rencontré âme qui vive.
- Cette absence de vie me paraît étrange, remarqua Sirane quand ils furent tous réunis autour du feu.
Noor étouffa un rire et dit :
- C'est tout à fait normal, au contraire. Erza a lancé ses troupes de fantômes sur la contrée et les seules personnes que nous croiserons seront des spectres.
- Sans vouloir insinuer quoi que ce soit, comment le savez-vous ? demanda Sirius.
- Vous ne semblez pas comprendre que ma puissance est obscure, guerrier, fit Noor avec une pointe de mépris.
- Oh si, puisque c'est une des raisons pour lesquelles j'ai accepté de faire partie de cette expédition !
- Je ne leur aurais pas fait de mal : elles me seront toutes deux utiles.
- Bien sûr. Mais une fois qu'elles vous auront aidé... ?
Noor ricana.
- Cela me paraît évident.
- C'est bien ce que je pensais.
Sirane intervint :
- Cessez de vous disputer. Ne comprenez-vous donc pas que le moment est grave ? Nous avons une mission de la plus haute importance et les troupes d'Erza sont sans doute à nos trousses. Vous réglerez vos litiges quand nous aurons le Sceptre.
Chantelys secoua la tête.
- Pas tout à fait. Ils régleront leurs litiges quand nous aurons débarrassé la contrée de la présence de la Reine des Ténèbres et le Sceptre remis en lieu sûr.
- Alors dormez, si vous voulez partir tôt demain, grogna Sirius. Je veillerai.
- Toute la nuit ? fit Sirane, sceptique.
- Je n'ai pas besoin d'autant de sommeil que vous, répartit le jeune homme, énervé. N'aie crainte, Sirane, je ne m'endormirai pas.
Noor et la jeune prêtresse s'allongèrent sur le sol, alors que Chantelys se rapprochait du guerrier.
- La nouvelle que nous a apprise Noor ne me rassure pas sur le succès de notre mission. S'ils sont aussi invulnérables que les squelettes de la reine...
- Voyez-vous, un des avantages de mon épée, c'est que la gemme bleue repousse les morts-vivants et les spectres. Cela se révèle parfois utile. Maintenant, Vénérée, dormez.
La jeune elfe ne vit pas Noor se redresser à moitié et darder son regard bleu sur elle. Elle sentit ses yeux se fermer et sa tête s'abaissa vers l'épaule de Sirius.
- Croyez-vous que nous sommes en sécurité ? murmura-t-elle d'une voix ensommeillée avant de s'endormir contre le jeune homme.
Celui-ci sourit et caressa les doux cheveux blonds.
- Oui, nous sommes en sécurité : je veille sur votre sommeil, Vénérée.
Noor se rallongea et ferma les yeux, tandis que Sirius plongeait son regard dans le feu.
Le lendemain matin, Sirius laissa Chantelys continuer son sommeil, qu'il ne savait pas être artificiel, et réveilla les deux autres.
- Debout, aujourd'hui, nous devons atteindre les Prairies Infernales.
Sirane fit la moue.
- As-tu préparé le petit déjeuner au moins ?
- Comme si je n'avais que cela à faire !
Il installa Chantelys sur le dos de Sircor qui le salua d'un coup de nez et bondit en selle.
- Décidément, le sommeil ne vous va pas ! remarqua-t-il joyeusement.
En effet, lui qui n'avait pas dormi de la nuit était plus frais que ses compagnons. Noor s'étira longuement puis ouvrit totalement les yeux.
- Mais il ne fait pas encore jour ! Etes-vous un guerrier de l'ombre ou êtes-vous fou ?
- Ni l'un, ni l'autre ! Mais les fantômes d'Erza progressent pendant la nuit et nous pendant le jour. Alors autant prendre un peu des ténèbres pour gagner du temps.
Sirane s'approcha de son cheval, mais ne se sentait pas du tout l'envie d'y monter. Le mage s'approcha d'elle, fit un sourire d'excuse à Sirius et dit :
- Pardonnez-moi ce manque de galanterie, Vénérée.
Il la souleva et l'assit sur la selle. Sirane se pencha vers lui, lui prit la main et la serra en murmurant :
- Merci beaucoup, Noor.
Elle se redressa avec beaucoup de dignité tandis que le jeune mage la regardait avec étonnement : les femmes étaient imprévisibles ! Sirius eut un froncement de sourcils, serra Chantelys contre lui et partit au galop.
Noor ne tarda pas à le rejoindre, tandis que Sirane restait légèrement en retrait.
- Etes-vous prêt à m'obéir, Sirius ?
- Je ne vois pas pourquoi je me ferais votre esclave, alors que vous avez déjà réussi à en faire une de ma soeur.
- Elle est volontaire.
- Elle ne s'en aperçoit pas, oui ! ricana Sirius. Mais concluons plutôt un pacte : je vous laisse tranquille avec Sirane, du moment que vous ne la tuez, ni ne la blessez, et vous me laissez faire mes trente-six mille volontés. Quand ce sera nécessaire, je me rangerai à votre avis. Et nous ne nous disputons plus.
Noor réfléchit un instant.
- Soit. Mais apprenez que séduire votre soeur n'est pas du tout mon but. Cela s'est fait...accidentellement, dirons-nous.
Sirius eut un sourire aigu.
- Je vais avoir la naïveté de faire semblant d'y croire. A la prochaine ville, nous achèterons des fourrures, car traverser Hydranis habillés comme nous le sommes serait mortel. Déjà que nous risquons beaucoup...
Noor regarda avec amusement le torse nu du jeune homme sur lequel était appuyée Chantelys. Sirius se pencha vers la jeune elfe.
- Ne trouvez-vous pas que son sommeil n'est pas très normal ?
- En effet, il serait peut-être temps que je la réveille.
Sirius émit un long sifflement mais ne fit aucune remarque.
Noor passa avec légèreté sa main sur le front de Chantelys qui ouvrit les yeux peu après.
- A cheval ?...Mais, je ne me souviens...
- J'ai préféré vous laisser dormir, la coupa Sirius, omettant le rôle de Noor.
La jeune elfe se redressa.
- Arrivons-nous bientôt dans les Prairies Infernales ?
- Non, mais voici la dernière ville avant de les atteindre.
Noor s'avança.
- Laissez-moi y aller et attendez-moi de l'autre côté de la ville, si toutefois vous avez assez confiance en un mage du mal pour lui donner votre argent.
Sirius déposa sa bourse dans la main du jeune homme.
- Je crois que cela devrait suffire, dit-il gaiement. Partez sans crainte, nous serons au rendez-vous.
Le mage fit avancer son cheval et se mêla à la foule. Sirius le suivit, non pour le surveiller, mais parce qu'il devait aussi traverser la ville pour se retrouver à la sortie. Son passage fit sensation : alors que Noor était passé inaperçu, tous les habitants regardèrent les trois jeunes gens ; Chantelys et Sirane attiraient l'admiration et voir la jeune elfe serrée contre Sirius attendrissait les femmes. L'étalon alezan étonnait aussi par sa vigueur et sa fierté. Un homme franchit le cercle des curieux, s'approcha de Sirius et mit la main sur la bride de Sircor.
- Je vous en offre cent pièces d'or, dit-il, l'air engageant.
- De quoi donc ?
- Du cheval !
- Jamais, il n'est pas à vendre !
- Deux cents pièces d'or ! J'irai jusqu'à trois cents.
Sirius dégaina son épée et appuya la pointe sur la gorge de l'homme.
- J'ai dit non, et je crois avoir été assez clair. Ne m'obligez pas à vous le faire comprendre d'une manière plus brutale.
- Bien sûr, Seigneur, balbutia l'homme.
Il recula dans la foule qui s'écarta avec empressement pour laisser passer les deux chevaux : Sirius, avec son épée dégainée, n'avait vraiment pas l'air commode et il valait mieux ne pas trop s'y frotter ! Pourtant, certaines femmes soupiraient sur le passage du jeune guerrier et plus d'une aurait voulu regarder en face ses beaux yeux fauves.
Soudain, l'homme refit son apparition, suivi de plusieurs gardes.
- Le voilà, messieurs, c'est lui ! Il était gladiateur et il s'est échappé. Il a certainement volé ce cheval !
Le jeune homme sentit que les problèmes surgissaient.
- Allons donc, il fallait vraiment que ce marchand soit attaché à posséder Sircor, grogna Sirius. Que se passe-t-il ? demanda-t-il en haussant la voix.
- Seigneur, cet homme vous accuse d'être un criminel en fuite - car tout le monde sait bien que tous les gladiateurs sont des criminels - et d'avoir volé ce cheval.
- Ce cheval m'appartient en propre et si ce marchand ne désirait pas le posséder par n'importe quel moyen, il ne m'accuserait certainement pas ainsi.
Les gardes de la ville regardèrent l'homme avec un air soupçonneux.
- Je l'ai vu combattre dans les arènes de la Reine des Ténèbres, plaida-t-il. Et regardez son épée ! Comment un vagabond comme lui peut-il être le propriétaire d'une arme aussi riche, alors qu'il ne porte pas de tunique ?
Sirane intervint :
- Je suis la grande prêtresse d'Hypnoz et l'homme que vous accusez est mon frère. C'est votre parole contre la mienne. Prouvez ce que vous avancez !
- Non, Sirane, dit Sirius. Cette accusation ne regarde que moi.
Il descendit de cheval et reprit :
- Je vais vous prouver que ce cheval est à moi.
Il saisit Chantelys par la taille et la déposa à terre.
- Pardonnez-moi, Vénérée, mais ils pourraient croire que vous le guidez, chuchota-t-il.
- Ce que je ne vous pardonne pas, répondit la jeune elfe sur le même ton, c'est de vous obstiner à m'appeler Vénérée.
Sirius fit un large mouvement du bras.
- Ecartez-vous tous ! ordonna-t-il.
La foule obéit. Il recula de plusieurs mètres sans quitter Sircor des yeux. Puis il s'arrêta et l'appela :
- Viens, Sircor, viens à moi !
Ce n'était pas un hasard s'il avait donné à l'étalon le même nom que celui que prenait le dieu Sirius quand il venait sur terre. Par l'intermédiaire du dieu-elfe, il commandait au cheval. Ce dernier avança sans hésiter vers le jeune homme et vint frotter son nez contre sa poitrine. Le marchand pâlit de rage.
- Je crois que la démonstration est suffisante, fit un des gardes avec un regard courroucé vers l'homme. Vous aurez à répondre du dérangement inutile de la patrouille.
L'homme avala difficilement sa salive.
- Moi, je ne suis pas encore convaincu, répartit-il courageusement. Pourquoi cet homme n'a-t-il pas de tunique, d'où vient son épée et pourquoi une prêtresse du Soleil et une elfe l'accompagnent-elles ?
Sirius soupira.
- Je suis un aventurier et rien n'interdit, à ce que je sache, que les aventuriers n'aient pas de tunique. C'est mon droit le plus strict.
- Vous dites vrai, approuva un des gardes.
- Les nuits sont fraîches, opposa l'homme.
- Savez-vous qu'il existe quelque chose de merveilleux, que les hommes ont découvert il y a longtemps et qui s'appelle le feu ?
La foule rit. Chantelys vint se mettre aux côtés de Sirius.
- Rien également n'interdit qu'une elfe accompagne un aventurier, n'est-ce pas ?
- Une femme, qu'elle soit elfe ou non, n'a rien à voir dans les quêtes des fous que sont les aventuriers.
La Gardienne du Cristal releva fièrement la tête.
- Une épouse, si.
Sirius en fut sidéré : la prêtresse de Chantelys prétendait être son épouse ! C'était à se rouler par terre de rire ! L'homme, en tout cas, ne sut qu'en dire.
- Et la prêtresse ? reprit-il, hargneux, sentant sa défaite proche.
- N'est-il pas normal qu'une prêtresse aussi importante que celle du Soleil soit protégée au cours de son voyage ? Et quoi de plus légitime que de demander à son frère aventurier de se charger de sa protection ? demanda Sirius d'une voix doucereuse.
- Tous les points sont éclaircis, intervint le garde. Les étrangers sont déclarés...
- Rien du tout, interrompit l'homme. Il reste encore l'épée.
- Que lui reprochez-vous ?
- Cette épée ne peut pas lui appartenir, argua le marchand.
- Pour quelle raison ?
- Parce que c'est la mienne.
Sirius éclata de rire en entendant cette déclaration.
- Elle vous appartient ! hoqueta-t-il. Et moi, je suis Sorcerak en personne !
Il se força à reprendre son sérieux et tendit son épée au marchand.
- Soit. Elle vous appartient. Alors montrez-nous comme vous vous en servez bien.
L'homme sentit un piège, mais il ne pouvait l'éviter. Il saisit l'épée... et la relâcha aussitôt. Sa main était brûlée là où elle était entrée en contact avec le pommeau. La gemme bleue brillait de tous ses feux. Sirius ramassa l'arme et la tendit à Sirane qui la prit et la souleva sans rien ressentir. Elle redonna l'épée à Sirius qui la rengaina et montra sa main à tous : elle ne portait aucune marque de brûlure.
- Cette épée, dit Sirius, est magique : seuls son propriétaire et les prêtres ou mages peuvent la tenir sans dommage. Elle vient de vous prouver que j'étais son légitime propriétaire et que cet homme ment.
La garnison était entièrement d'accord avec lui. Le garde qui semblait du côté des jeunes gens s'approcha de Sirius.
- Entre nous, lui confia-t-il à voix basse, je suis bien content de sa défaite. Cet homme est hostile aux aventuriers et quand quelque chose lui plaît, il cherche par tous les moyens à se l'approprier.
- Comment se fait-il que vous-même ne détestiez pas les gens comme moi ? demanda Sirius. Tout le monde sait que les aventuriers sont des graines de démons.
Le garde rougit
- Mon fils est un aventurier. Cet homme a tout fait pour le chasser de la ville.
- Pourquoi ne l'avez-vous pas lui-même exilé ?
- Il est trop puissant et il est soutenu par beaucoup de monde. Maintenant, je ne vois plus mon fils que très rarement, quand il ose revenir quelques jours dans sa ville natale. Il est célèbre, vous savez.
- Tiens donc ! Comment s'appelle-t-il ? Je le connais peut-être.
- Son nom est Edwynn.
Sirius ouvrit de grands yeux.
- Edwynn le Chagaye ? demanda-t-il d'une voix un peu étranglée. C'est votre fils ?
- Oui, fit le garde en se rengorgeant légèrement. Vous le connaissez ?
- Si je le connais ? Par Sorcerak, il a été un de mes compagnons d'errance ! Un fier compagnon, d'ailleurs !
Le garde allait ajouter quelque chose, mais ses collègues rendirent leur jugement :
- Les étrangers sont déclarés dans leur plein droit et l'accusation sans fondement. L'homme ayant ennuyé de paisibles voyageurs sera traîné en justice.
- Non, je n'en ai que faire. Nous étions juste de passage, lança le jeune homme.
Le garde lui fit un signe rapide et s'éloigna avec la garnison. Sirius souleva Chantelys et la déposa sur le dos de Sircor, puis monta lui-même en selle. La foule s'écarta devant lui en silence. Le marchand hurla :
- Je me vengerai ! Tu ne t'en tireras pas aussi facilement !
Sirius se retourna :
- Cela m'étonnerait que vous nous suiviez là où nous allons ! répondit-il, sans plus prêter attention aux vociférations du personnage.
Noor les attendait déjà et s'écria dès qu'il les vit :
- Eh bien, où étiez-vous ? J'ai eu le temps de traverser la ville et de faire les achats avant que vous ne réussissiez à parvenir jusqu'ici !
- Un petit contretemps, murmura Sirius.
- Monseigneur ! interpella une petite voix derrière lui.
- Oui, mon enfant ?
La fillette regarda Sirius avec des yeux admiratifs.
- Le méchant homme a dit qu'il allait avertir la Reine pour qu'elle vous punisse, monseigneur. Ma mère a pensé qu'il fallait vous prévenir.
- Ta mère a très bien pensé. Retourne vers elle, mon enfant, et dis-lui que je la remercie très vivement de son avertissement.
La petite fille partit à toutes jambes. Sirius remarqua :
- Si nous n'en étions pas sûrs, maintenant, nous savons que les squelettes de la Reine vont être à nos trousses.
Noor secoua la tête.
- Non, les créatures de Symaris n'ont pas un champ d'action aussi grand : elles ne peuvent pas sortir de la forêt. Je ne pense pas qu'il parlait de la Reine des Ténèbres, mais bien de la Reine, l'unique pour ceux du mal : Erza elle-même.
- Donc les fantômes d'Erza vont être envoyés à notre poursuite ?
- Probable, en effet.
- Amusant. Je croyais qu'ils étaient déjà à nos trousses. On y va ? fit calmement Sirius.
Noor acquiesça et le petit groupe se mit en marche vers les Prairies Infernales.
La ville fut bientôt loin derrière eux. Jalis dardait ses chauds rayons et Sirius, qui les avait presque regrettés durant son séjour dans les geôles de la Reine des Ténèbres, pesta contre cette chaleur étouffante. Soudain, à côté d'eux, un claquement sec résonna : une pierre venait d'éclater. Chantelys sursauta, mais Sirius resta impassible.
- Vous ne voyagez pas souvent, Vénérée, remarqua-t-il simplement.
- Dites-moi, Sirius, intervint Noor, ai-je une vision due à Jalis ou est-ce bien une forêt qui se dresse devant nous ?
- C'est une forêt, répondit paisiblement Sirius.
A côté de la forêt, il vit une silhouette venir vers eux. Noor, uniquement préoccupé par la présence incongrue de ces bois, ne s'en rendit même pas compte.
- Mais quelle est donc cette forêt ? demanda-t-il.
Sirius s'apprêtait à lui répondre, mais quelqu'un le devança.
Texte © Azraël 1995 - 2002.
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