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Tiernvael du Dragonrubis
Stil-de-grain | Cinabre d'Erythriscalgion |
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Stil-de-grain est un dragon d'or mâle. Il a été adopté par Azraël le 06 Janvier 2000 chez Downloadable Dragons.
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Cinabre d'Erythriscalgion est un dragon rouge mâle. Il a été adopté par Azraël le 15 Décembre 1999 chez Downloadable Dragons.
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Tiernvael le Grand était un chevalier cyrique, grand, fort, avec une voix tonnant par-dessus le bruit des batailles. Il était hardi au combat et timide avec les femmes. Tous ses frères d'ordre le prenaient pour exemple, mais il restait modeste, prétendant n'être que l'instrument de Shuqra, la déesse de la sagesse. Une nuit où il était en prière, Shuqra lui apparut.
Elwing fit une pause ; Elior, Saphar et Daneris étaient suspendus à ses lèvres. L'elvinn changea de voix pour continuer ; tous les elvinns avaient le don d'imiter les voix, ce qui donnait un grand réalisme à leurs histoires. Cette fois-ci, Elwing parla avec la voix d'une femme.
- Tiernvael, mon fils, de grands troubles se préparent. Les dieux t'ont choisi pour faire revenir le calme.
Il ne serait jamais venu à l'idée de Tiernvael de contredire sa déesse, aussi répondit-il aussitôt :
- Vénérée Shuqra - la voix d'Elwing s'était enflée jusqu'à résonner comme le tonnerre - je suis à votre entière disposition.
- Mon fils, je n'en attendais pas moins de toi. Tu iras d'abord à mon temple, sur la Haute Montagne et là, tu trouveras un objet fabuleux, l'Ormonde, qui te donnera la puissance nécessaire pour chasser les dragons et autres monstres.
Timidement, Tiernvael demanda :
- Pourquoi ne pas prier Draghnien d'intervenir en personne ?
- Hélas, Vortigern y est impliqué et Draghnien est lié par son serment.
Elwing reprit son souffle ; imiter une voix qui aurait pu être celle de Tiernvael était épuisant. Daneris fit entendre un grognement pour montrer qu'il attendait la suite. L'elvinn reprit sa voix normale, mais avec les accents d'un narrateur chevronné.
Tous connaissaient le Serment des Dieux : les quatre parties, bien, mal, neutre et paix, avaient juré de ne pas intervenir directement dans les affaires des autres. Bien sûr, quand l'une agissait en déplaisant à une autre, celle-ci ne tardait pas à réagir, indirectement naturellement, en employant des humains, aventuriers pour la plupart, afin de contrer l'offensive adverse. De plus, l'affrontement entre Draghnien et Vortigern était devenu légendaire ; le premier, tantôt dragon noir, tantôt homme, était le dieu des créatures ailées ; le deuxième, tantôt wiverne, tantôt homme, était le dieu des monstres. Leurs deux domaines étaient très proches, mais ils se haïssaient cordialement. Draghnien, de l'alliance neutre, serait devenu malade si on lui avait demandé de serrer la main de Vortigern, de l'alliance du mal. Il avait déjà eu à souffrir de ceux ralliés à Erza, puisque cette dernière, lors de sa vengeance contre les dieux-elfes, y avait aussi englobé son épouse, la douce Méluve, sorcière des elfes. Lorsque Sirius l'Errant avait libéré les dieux-elfes, Draghnien et Méluve avaient veillé jalousement sur la famille du jeune aventurier qui s'était sacrifié pour les sauver, d'où parfois quelques interventions assez saugrenues de la part de ces dieux, ainsi que des autres dieux-elfes.
Tiernvael obéit à sa déesse. Il savait que l'histoire de l'Ormonde dans le temple n'était qu'une épreuve pour vérifier s'il était digne de l'honneur qu'on lui faisait, car la Haute Montagne était réputée pour son inaccessibilité. Il fit ses adieux à la jeune fille elvinn auprès de qui il avait engagé sa foi et qui était prêtresse de Birmane, la déesse-elfe de la paix. Il partait l'âme déchirée, mais avec une douce espérance au fond de son coeur : s'il revenait auréolé de gloire, les elvinns reconsidéreraient peut-être leur refus quant à son mariage avec la douce Amoreena.
Elwing s'arrêta de nouveau et but une gorgée à la gourde de Daneris.
Tiernvael gravit la montagne, reprit-il. A la moitié du chemin, il vit qu'il ne pouvait plus continuer : le chemin, déjà escarpé, s'était totalement effondré. Alors il entreprit de grimper le long de la paroi. Il était gêné par son armure, mais il ne lui serait pas venu à l'idée de l'enlever. Son code le lui interdisait. Il s'arrêta sur une corniche et comprit qu'il ne parviendrait jamais au sommet s'il persistait dans cette voie. Dans un élan de désespoir, il s'écria :
- Draghnien, si tu veux que je défende tes couleurs, aide-moi !
A sa prière, un grand dragon d'or surgit devant lui. Il s'agissait de Stil-de-grain, un vieux dragon d'or, qui avait déjà mené d'innombrables quêtes pour le bien. Draghnien adorait ce dragon. Tiernvael n'hésita pas et bondit sur le dos du dragon qui s'envola vers le sommet. C'est grâce à l'aide de Stil-de-grain que le chevalier cyrique parvint au sommet et put s'emparer de l'Ormonde, cet objet fabuleux à la puissance à jamais inégalée, si puissant même que les dieux hésitaient à s'en servir. Si l'Ormonde tombait entre les mains d'Erza, c'en serait fini de l'univers. Elle n'aurait qu'un geste à faire pour anéantir toute vie. Tiernvael avait l'Ormonde, mais il ne pouvait pas redescendre sans l'aide de Stil-de-grain. Le vieux dragon regarda l'objet fabuleux avec méfiance. Le chevalier eut un sourire qui se voulait rassurant, mais qui trahissait sa propre peur de posséder un objet d'une telle puissance. Il remonta sur le dos de Stil-de-grain et le dragon prit son envol. Mais un danger se profilait déjà : un dragon rouge fondait sur eux, gueule ouverte, prêt à cracher le feu.
- Nous ne pouvons pas combattre ! cria Stil-de-grain.
Elwing eut à cet instant une merveilleuse voix puissante, aux accents rocailleux et qui dénotait une grande sagesse, une voix parfaite pour un vieux dragon d'or.
- Pourquoi cela ?
- Tu serais désarçonné. Les rouges se considèrent comme les plus puissantes créatures de la planète et détestent les dragons d'or, parce que nous pouvons leur tenir tête...
- Plonge ! hurla Tiernvael.
Stil-de-grain obéit et glissa sous le rouge qui fondait sur eux.
- Bien réagi, chevalier. Utilise l'Ormonde, maintenant.
- Je ne sais pas comment faire ! répondit Tiernvael, et pour la première fois de sa vie, il sentit la peur l'envahir à l'idée de se servir de cet objet divin.
Stil-de-grain ne savait pas non plus. Il gronda entre ses dents :
- Il va m'entendre, Draghnien, la prochaine fois que je le verrai ! Je vais lui apprendre, moi, à envoyer des enfants faire son travail !
Tiernvael n'apprécia que fort peu d'être traité d'enfant, même de la part d'un vieux dragon comme Stil-de-grain qui avait huit cents ans au bas mot ! Il se baissa pour éviter l'extrémité du cône de feu que lui envoyait le dragon rouge. Il se tourna vers son agresseur et pointa l'Ormonde vers lui. Il se sentait dans un état second et savait que Shuqra guidait ses gestes.
Elwing se tut un instant. Autour d'eux, l'ombre s'épaississait de plus en plus. Daneris et Saphar étaient penchés en avant, avides d'entendre la suite ; l'elvinn les avait toujours charmé avec ses légendes. Elior, assise en tailleur, avait son coude appuyé sur son genou et son menton reposait au creux de sa paume. Le capuchon baissé empêchait de voir ce qu'elle pensait, mais on la devinait attentive. Quant au Rédempteur, il était toujours immobile, debout, les bras croisés, Daguerrand à côté de lui. Elwing reprit son récit.
Subitement, un rayon d'énergie jaillit de l'Ormonde, atteignant de plein fouet le dragon rouge ! Ce dernier vacilla, mais Tiernvael le gardait toujours pour cible. Vaincu par cette source inconnue de pouvoir, le rouge rendit l'âme.
- Merveilleux ! commenta Stil-de-grain. Comment as-tu fait ?
Tiernvael sembla s'éveiller d'un long rêve.
- Je... je l'ignore, fit-il d'un ton incertain.
- Ah ? Excuse-moi, j'ai oublié de faire les présentations : voici feu Kermès, mon ennemi depuis deux cents ans au moins.
- Ravi d'avoir pu te rendre service.
Stil-de-grain se posa à terre et Tiernvael se laissa glisser au sol, serrant toujours l'Ormonde dans son poing gauche.
- Merci, Stil-de-grain..., commença-t-il.
Il se tut : le dragon avait pris la forme d'un svinn, un de ces humanoïdes dont les cheveux avaient une bande blanche du front à la nuque ; il s'agissait d'une race de magiciens spécialisés dans les guérisons et fervents adorateurs de Rangor et Mythilène, les dieux de la médecine. En signe de dévotion envers Rangor, ils marchaient tous pieds nus, pour imiter le dieu guérisseur.
- Que fais-tu, Stil-de-grain ? balbutia Tiernvael, dérouté.
- Appelle-moi Stil ! tonna joyeusement le dragon. Je t'accompagne, bien sûr ! Draghnien m'a jeté dans cette quête, il est hors de question que je l'abandonne. Mais ma présence à tes côtés risquerait d'échauffer le sang de mes congénères rouges, noirs, verts, bleus ou blancs.
Tiernvael ne sut que répondre.
- Mais..., tenta-t-il d'opposer faiblement.
Le svinn se tourna vivement vers lui et le foudroya du regard.
- Ne crois pas te débarrasser de moi, chevalier ! grinça-t-il. Cette quête est autant la mienne que la tienne !
Tiernvael se contint.
- Je ne doute pas de ta valeur, Stil-de-grain ; mais comment pourrais-je montrer la mienne aux dieux si Draghnien et toi vous ingéniez à aplanir les difficultés sous mes pas ?
Les yeux d'or du svinn s'adoucirent.
- Ne t'inquiète pas pour cela, chevalier cyrique. Tous connaîtront tes hauts faits, même les elvinns.
Tiernvael rougit, décontenancé. Il songea en regardant Stil-de-grain que personne ne pourrait le prendre pour un véritable svinn : il avait bien la bande de cheveux blancs au milieu des cheveux d'or, mais la peau avait un reflet métallique inhabituel. Il en fit la remarque et le dragon transformé haussa les épaules avec insouciance : ce reflet disparaîtrait dans une semaine.
Elwing fit de nouveau une pause. Ses traits étaient tirés et très pâles. Raconter de longues légendes lui demandait un effort considérable qui l'épuisait. Il aurait fallu qu'il arrête, mais les trois amis étaient trop fascinés. Le Rédempteur intervint :
- Arrête-toi, Elwing, si tu te sens trop fatigué.
L'elvinn leva ses yeux légèrement hallucinés vers le chevalier. Il lui sembla que le regard smaragdin s'était légèrement humanisé. Il frissonna violemment.
- 'Peux pas, non, répondit-il en claquant des dents.
Le Rédempteur s'approcha et, préventif comme un grand frère, il emmitoufla l'elvinn dans une couverture chaude et le força à boire quelques gorgées. Un peu réconforté, Elwing reprit le fil de son histoire d'une voix un peu plus assurée.Tiernvael et Stil-de-grain continuèrent leur quête à pied. Bien sûr, Stil-de-grain aurait facilement pu emporter le chevalier cyrique sur son dos, mais il ne voulait pas donner l'alerte. L'Ormonde les rendait déjà suffisamment repérables. Le temps passait agréablement, Stil-de-grain étant un fort bon compagnon de route ; il racontait ses quêtes, et notamment ses luttes contre Kermès, mais il faisait cela d'un ton mordant et drôle, sans se prendre au sérieux. Mais Tiernvael devenait de plus en plus triste, car ses idées allaient toujours vers Amoreena qu'il avait laissée à Rougevallée. Stil-de-grain savait qu'il fallait que le jeune chevalier se change les idées. Ce fut alors qu'ils rencontrèrent l'escadron de dragons. Ils étaient dans le désert de la Faim, sans abri, et les dragons fondaient sur eux. Stil-de-grain reconnut celui qui menait le groupe : il s'agissait de Cinabre, un vieux rouge qui avait atteint l'âge vénérable de mille trois cents ans et qui mesurait soixante mètres de long ! Stil-de-grain lui-même se sentait ridiculement petit avec ses quarante-deux mètres. Cinabre était un redoutable stratège et même seul contre Tiernvael et Stil-de-grain, le combat aurait été équilibré. Mais il y avait l'Ormonde.
Le chevalier cyrique comprit bien que sa cible était le vieux rouge et ce fut sur lui qu'il pointa l'objet fabuleux, avant d'invoquer sa déesse avec ferveur. Shuqra l'entendit. De nouveau, Tiernvael sentit ses gestes guidés par une puissance supérieure. Les autres dragons hésitèrent quand Cinabre s'abattit brusquement au sol, foudroyé en plein vol. Ce fut une hésitation de trop. Stil-de-grain reprit sa forme de dragon d'or et son souffle puissant les frappa de plein fouet. Le rayon de l'Ormonde vient à sa rescousse quelques instants plus tard.
Les dragons maléfiques prirent prudemment du recul pour réfléchir à la situation, sauf un blanc qui resta. Les blancs étaient les plus petits des dragons et aussi les moins intelligents. Persuadé que l'humain ne représentait que peu de danger, il se tourna vers lui, sans cesser de surveiller Stil-de-grain qui prenait les autres dragons en chasse. Mais le blanc eut une curieuse surprise, car Shuqra, par l'intermédiaire de Tiernvael, venait à nouveau d'utiliser l'Ormonde. Il sentit soudain ses ailes très lourdes et comprit qu'il tombait comme une pierre. Il ouvrit la gueule pour lancer son souffle de glace, mais l'Ormonde entra encore en action. Le dragon blanc ferma les yeux pour ne plus jamais les rouvrir.
- Sortie d'Eburnéen, jeune blanc stupide, commenta Stil-de-grain en se retournant vers Tiernvael. Victoire complète : les autres sont partis.
Tiernvael marcha en chancelant jusqu'à Cinabre, tomba à genoux à côté du grand corps rouge et se mit à sangloter comme un enfant. Stil-de-grain le regarda, complètement dérouté. Cinabre était superbement beau, il était vrai : de larges écailles d'un rouge profond, constellées de centaines de gemmes et de pièces. Soudain, une voix un peu rude demanda avec ironie :
- Eh bien, petit ! Croyais-tu vraiment m'avoir vaincu ?
Tiernvael releva vivement la tête, le regard brouillé par ses larmes ; les paupières précédemment closes étaient maintenant ouvertes et un intense regard d'or liquide le transperçait jusqu'au tréfonds de son âme. Le jeune chevalier bondit sur ses pieds et recula. L'immense tête rouge se souleva de terre.
- Quelle incohérence dans l'esprit humain ! fit-il dans un bâillement qui dévoila une mâchoire impressionnante. Il y a un instant, tu pleurais sur moi et maintenant, je te fais peur !
Il n'y avait plus aucun doute : Cinabre le rouge était bel et bien vivant. Tiernvael jeta un coup d'oeil perplexe sur l'Ormonde. Cinabre eut un rire rocailleux.
- Ce n'est pas une décharge de ce jouet pour enfant qui va me faire du mal ! Je suis millénaire !
Stil-de-grain s'approcha tranquillement et les deux regards dorés s'affrontèrent calmement. Tiernvael reprit sa maîtrise de lui et réfléchit rapidement.
- Je pensais, Stil-de-grain, que c'est une bonne chose que Cinabre soit vivant, commença-t-il d'une voix qu'il espérait être ferme.
- Bien sûr, que c'est une bonne chose ! intervint Cinabre, alors que Stil-de-grain jetait un regard surpris à son compagnon.
- Comme nous allons défier beaucoup de dragons, continua Tiernvael avec un calme qu'il jugeait olympien, nous pourrions employer Cinabre comme gardien de leurs trésors. J'ai entendu dire qu'il n'y avait pas meilleur gardien de trésors que les dragons rouges.
Stil-de-grain resta admiratif, tandis que Cinabre prenait soudain un air avide.
- Mm... C'est une proposition tentante, murmura-t-il, pensif. Mais je suppose que je devrais partager avec Stil-de-grain !
Tiernvael consulta son ami du regard : il ne tenait pas à décider pour lui à ce sujet, car les dragons réagissaient très brutalement quand on parlait de trésors.
- Le mien me paraît avoir une taille suffisante pour l'instant, répondit le vieux dragon d'or avec calme.
Le jeune chevalier eut un soupir de soulagement et remercia mentalement Shuqra d'avoir fait que Stil-de-grain préfère l'aboutissement de sa quête à l'augmentation de son trésor personnel. Cinabre regarda le vieux dragon d'or d'un air gourmand.
- Qu'est-ce qui m'empêcherait de vous tuer d'abord et d'aller ensuite combattre les autres dragons ? interrogea-t-il d'une voix mielleuse.
- Si tu le pouvais, tu l'aurais fait depuis longtemps, répondit Tiernvael avec logique et une pointe d'insolence. Nous pouvons t'aider et détruire les dragons aussi facilement que Eburnéen ici présent.
Cinabre ronronna en regardant le jeune chevalier.
- Je pourrais toujours vous tuer après, remarqua-t-il.
Tiernvael éclata de rire et vint se planter sous le nez du dragon, les poings sur les hanches.
- Que veux-tu que cela t'apporte ? Tu seras le dragon le plus riche de toute la planète ! Crois-moi, tu auras suffisamment à faire avec tous les aventuriers qui tenteront de te voler ton or !
Le dragon tapota le sol du bout d'une longue griffe recourbée.
- Un puits d'intelligence, cet humain ! constata-t-il. Stil-de-grain, tu as fait un bon choix !
Tiernvael vint rejoindre le dragon d'or.
- Je suis impressionné, souffla ce dernier.
- Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie, avoua Tiernvael avec une candeur désarmante en le regardant bien en face.
- On ne l'aurait jamais cru, lui assura Stil-de-grain.
- Le tout est d'avoir la bonne idée au bon moment, répondit le jeune chevalier en haussant les épaules.
Mais en son for intérieur, il remercia vivement sa déesse. Stil-de-grain reprit sa forme de svinn et il monta sur le dos de Cinabre avec Tiernvael. En tant que dragon d'or, il n'avait pas vraiment confiance en un dragon rouge, mais il n'avait pas d'autre solution. Tiernvael avait parfaitement manoeuvré pour convaincre Cinabre de passer de leur côté et ainsi, ils pouvaient voyager plus vite sans attirer l'attention. Voir des dragons d'alignement mauvais dans le ciel devenait chose courante, alors que les dragons de bon alignement, que ceux qui se souvenaient d'eux appelaient les dragons de métal, semblaient avoir totalement disparu de la surface de la planète.
Au cours de leur voyage, Cinabre se montra plutôt bon compagnon, à part cette fâcheuse habitude de raconter toutes les fois où il s'était opposé à des dragons d'or. Stil-de-grain faillit plus d'une fois perdre patience, mais Tiernvael se montrait de plus en plus à la hauteur de la réputation qu'il allait gagner. Il calmait le dragon d'or d'une parole, d'un geste, ou même parfois d'un regard. Stil-de-grain savait comprendre la sagesse de cette attitude et il commençait intérieurement à remercier Draghnien de lui avoir confié cette mission, lui permettant ainsi de faire la connaissance d'un humain aussi exceptionnel.
Même s'il faisait parfois semblant de ne rien écouter, Cinabre ne perdait rien des conversations entre les deux amis, si bas que fussent leurs propos. Il comprit que la situation était plus grave qu'il n'y paraissait et il apprit aussi que visiblement, les dragons étaient manipulés par une puissance supérieure. Cela lui déplut fortement et ses deux cavaliers faillirent bien être désarçonnés. Le dragon rouge était très fier de la supériorité qu'il croyait avoir sur toutes les autres races et il n'apprécia pas du tout que quelqu'un puisse considérer les dragons comme de simples soldats à sa solde. Il décida alors d'adhérer totalement à la mission de ses alliés apparemment si vulnérables. Il ne connaissait pas vraiment l'étendue des pouvoirs de l'Ormonde et il se promit de veiller soigneusement sur la vie du jeune chevalier ainsi que sur celle de Stil-de-grain, malgré le mal au coeur que cette décision lui faisait. La volonté de Draghnien faisait son chemin, malgré toute l'influence que Vortigern pouvait avoir sur les dragons de mauvais alignement.
Lorsqu'ils rencontrèrent leur premier escadron de dragons hostiles, Cinabre était totalement de leur côté. Tiernvael utilisa la puissance de l'Ormonde et Cinabre put s'apercevoir que l'exemple qu'avait été Eburnéen n'avait pas vraiment été représentatif. Le jeune chevalier restait à terre, tandis que ses deux alliés dragons virevoltaient dans les airs, rompus tous deux depuis bien longtemps à des stratégies dont les plus jeunes n'avaient même pas entendu parler. Les dragons étaient intrigués par ce jeune chevalier qui gardait son épée au fourreau et qui les défiait avec ce simple objet. Il ne paraissait même pas immunisé aux différents souffles des dragons. Mais l'objet qu'il tenait s'avéra rapidement être une arme redoutable : trois dragons tombèrent coup sur coup, frappés en plein vol par une force mystérieuse qui semblait avoir absorbé toute leur énergie.
Pendant ce temps, les deux vétérans dragons ne chômaient pas non plus : Stil-de-grain avait abattu son dragon vert et combattait un petit noir tout jeune, tandis que Cinabre affrontait un dragon quasiment aussi vieux que lui, mais qui n'avait pas encore toute l'expérience et la perversité du vieux rouge. Devant l'échec retentissant de leur tentative, les dragons survivants refluèrent en hâte vers un lieu plus sûr. Cinabre se posa à côté de Tiernvael et bâilla nonchalamment.
- Je me rappelle quel est l'objet que tu tiens, dit-il. Mon peuple l'a surnommé l'Exterminateur de dragons. Je ne pensais vraiment pas combattre un jour aux côtés de quelqu'un le possédant. Je m'étonne déjà avoir résisté à sa décharge.
Tiernvael ne répondit pas ; il commençait à comprendre comment fonctionnait l'Ormonde et il savait que si Cinabre n'était pas mort, c'était parce que lui, Tiernvael, ne l'avait pas voulu. Après ce combat, les groupes de dragons qu'ils rencontrèrent se firent plus rares. Mais Cinabre continuait sa route, inexorable ; son regard acéré avait déjà gravé dans sa mémoire quels dragons étaient morts et dans son esprit, il voyait son trésor s'agrandir à vue d'oeil. Pourtant, sans trop savoir pourquoi, la question de richesse lui paraissait soudain moins digne d'intérêt ; il était plus captivé par la suite de la mission, il voulait savoir jusqu'où iraient Tiernvael et Stil-de-grain. Malgré la haine ancestrale entre les rouges et les ors, une entente cordiale commençait à se tisser entre les deux dragons.
Elwing se tut de nouveau. Son visage était pâle à faire peur. Sa voix était de plus en plus tremblante, mais ses auditeurs ne semblaient pas s'en apercevoir. Ils étaient toujours aussi captivés et n'étaient pas à même de voir l'épuisement du conteur. Mais le Rédempteur le voyait, lui. Il força Elwing à prendre un instant de repos et en profita pour le faire boire et manger. L'elvinn se laissait faire comme un petit enfant. Il constata que l'impressionnant chevalier n'était pas plus insensible que tout autre, mais qu'il savait parfaitement se maîtriser. Fugitivement, il compara le Rédempteur à Tiernvael ; il trouva cela un peu stupide, comme un enfant entiché d'un héros qu'il essaie de retrouver dans la vie de tous les jours. Il se rappela que lui s'occupait également de ses compagnons d'errance avec une sollicitude quasi maternelle. Il ferma les yeux ; il aurait voulu se reposer et dormir, mais il ne pouvait pas laisser ses compagnons dans cet état de transe dont personne ne pourrait les sortir tant que l'histoire ne serait pas achevée. C'était un des travers de cette fascination qu'exerçaient les elvinns sur tous ceux qui écoutaient leurs histoires. Il rouvrit les yeux et rencontra le regard smaragdin du Rédempteur. Il soupira.
- Je vais reprendre, dit-il avec un sourire contraint.
Le Rédempteur hocha la tête. Impossible de savoir s'il souriait ou non, tant son armure dissimulait tous ses traits.
L'épuration des dragons continua. Mais Tiernvael ne se sentait pas satisfait. Un jour, alors qu'ils se battaient, il ne put se retenir de fermer les yeux et de hurler intérieurement contre toutes ces atrocités qu'il commettait au nom de sa déesse. Shuqra intervint, surprise :
- Que se passe-t-il, mon fils ?
- J'en ai assez, Vénérée Shuqra ! Je ne veux pas tuer les dragons sans savoir pourquoi je le fais ! S'il y a quelqu'un que je dois tuer, c'est celui qui manipule les dragons !
- Alors hurle-le et communique ta colère à l'Ormonde !
Tiernvael obéit. Soudain, il eut l'impression de pouvoir communiquer sans tenir compte des distances. Tous les dragons entendirent son cri de rage, car l'Ormonde les englobait tous dans son rayon.
- Dragons ! Je ne veux pas votre mort ! Vous êtes manipulés par une puissance supérieure et c'est celui qui ose asservir les créatures les plus magnifiques de l'univers que je veux tuer ! Aidez-moi, dragons, aidez-moi pour retrouver votre liberté !
Cinabre en fut si surpris qu'il faillit se cogner dans un dragon bleu. Tous les dragons se regardèrent.
- Asservis ! rugit un jeune rouge au sang vif.
- Il a raison, commenta un vieux bleu d'un air sentencieux.
- Quelqu'un se moque de nous ! brailla un blanc.
Stil-de-grain se posa à côté de Tiernvael.
- Epatante, ton idée ! fit-il, admiratif. Plus je te connais, plus tu m'étonnes. Tu es en train de les rallier tous à notre cause. Comment savais-tu qu'un dragon ne peut pas supporter de se savoir sous les ordres de quelqu'un ?
- Je ne le savais pas, répondit le jeune chevalier d'un air fatigué. J'en avais juste assez de tuer tant de dragons.
Cinabre s'approcha et regarda Tiernvael avec reproche.
- Cela va à l'encontre de notre accord, fit-il avec humeur.
- Je suis désolé, Cinabre, mais je ne peux plus supporter ces massacres gratuits. Je te jure que j'essaierai de te dédommager, pour tenir ma promesse.
Cinabre eut un rire moqueur.
- Ne t'inquiète pas pour cela, petit homme. En fait, je crois que je me moque un peu des richesses. Je me suis bien amusé pendant tout ce temps où nous avons été ensemble et j'ai appris beaucoup de choses. C'est une façon de compenser.
- Je ne sais pas comment tu vas prendre cela, Cinabre, intervint Stil-de-grain, mais je trouve que tu viens de tenir un discours digne d'un dragon d'or.
Le dragon rouge éclata de rire.
- Merci, Stil-de-grain, hoqueta-t-il. Je prends cela pour un compliment, venant de ta part et connaissant les griefs que tu dois avoir contre les dragons rouges.
Ce fut donc une véritable armée de dragons qui se dirigea vers un lieu inconnu ; Tiernvael, sur le dos de Cinabre, en compagnie de Stil-de-grain en svinn, était en tête, se guidant sur la luminosité de l'émeraude enchâssée dans l'Ormonde. Ils furent bientôt en vue d'un château d'apparence assez délabrée, perché sur un piton rocheux, mais pour les dragons, aucune forteresse n'était assez élevée pour ne pas être atteinte. Il y avait assez de place devant le portail principal pour que trois dragons se posent. Cinabre choisit un bleu et un rouge. Il était impossible de descendre le pont-levis par des moyens normaux. Cinabre ne fit ni une, ni deux et il lança son terrible souffle. Le lourd portail fut aussitôt réduit en cendres et quelques pierres se descellèrent. Tiernvael haussa les sourcils, surpris. Le jeune bleu qui les accompagnait, Smalt, jugea que l'ouverture n'était pas assez grande et il souffla à son tour. L'éclair qui jaillit de sa gueule frappa comme la foudre. Tomax, l'autre rouge, eut un grognement de satisfaction.
- Après vous ! rit doucement Smalt.
Cinabre passa le premier, mais Smalt ne tarda pas à le dépasser pour se charger de détruire les murailles qui les gênaient. Dans une haute salle, un grand trône leur tournait le dos. Son occupant, entendant le bruit que faisaient les dragons, se leva et se retourna. Il s'agissait d'un homme-dragon. Grand, imposant même, il avait le corps couvert d'écailles épaisses d'une couleur à mi-chemin entre le rouge et le noir. Son regard ambre, vif et acéré, détailla rapidement les trois dragons qui venaient de faire irruption dans son domaine. Il ne commit qu'une seule erreur : il ne s'aperçut pas de la présence de Tiernvael, caché par la tête de Cinabre et crut que Stil-de-grain, en svinn, commandait les dragons.
- Eh bien, messieurs, fit-il aimablement. Que puis-je pour vous ?
Etrangement, les dragons se trémoussèrent, incapables de répondre ; toute fureur semblait les avoir abandonnés et il était stupéfiant de rencontrer un dragon, de quelque alignement qu'il fut, qui n'ait pas envie de sauter à la gorge d'un hybride comme celui qui se tenait en face d'eux, car les dragons avaient en horreur les hommes-dragons. Tiernvael coula discrètement un regard par-dessus l'épaule de Cinabre. Le vieux rouge lui-même s'était calmé. Le jeune chevalier secoua doucement la tête avec un air réprobateur. Il remarqua le pendentif avec lequel jouait nerveusement l'homme-dragon et il eut une intuition. De plus en plus, il comprenait le fonctionnement de l'Ormonde et Shuqra n'avait plus le temps d'intervenir à sa place. Du pouce, il frotta doucement l'émeraude de l'Ormonde. L'homme-dragon sursauta violemment et il regarda autour de lui d'un air furieux.
- Quelqu'un possède l'Ormonde et il se trouve ici ! cria-t-il. Qui est-ce ?
Un instant, Tiernvael eut peur que Cinabre ne le dénonce, mais le vieux dragon rouge ne broncha pas. Les autres l'imitèrent, car tacitement, il était leur chef. Le jeune chevalier se laissa glisser contre le flanc de son dragon et avança à découvert, l'Ormonde cachée sur le dos de Cinabre.
- Qui es-tu ?
- Je m'appelle Tiernvael, chevalier cyrique et je viens te demander de libérer les dragons de ton emprise néfaste.
- Personne ne peut me commander de faire quelque chose.
- Est-ce ton dernier mot ? demanda poliment Tiernvael.
- Evidemment, répondit l'homme-dragon, gonflé d'importance.
Tiernvael fit entendre un sifflement de désapprobation et se retourna vers Cinabre. Il tendit le bras et lança :
- Viens maintenant, je le veux !
Cinabre ouvrit de grands yeux, mais l'ordre ne s'adressait pas à lui. L'Ormonde vint d'elle-même se placer dans la main de Tiernvael qui pivota sur ses talons, pointant l'arme fabuleuse sur l'homme-dragon, qui s'effondra sans même pousser un cri. Les dragons semblèrent alors retrouver leur liberté de mouvements.
- Que s'est-il exactement passé ? interrogea Stil-de-grain, curieux.
- Le bijou qu'il possédait lui donnait un pouvoir d'obéissance totale sur les dragons, expliqua Tiernvael avec lassitude. Mais il avait une parenté, même éloignée avec les dragons, et il n'a rien pu faire contre le pouvoir de l'Ormonde.
Il se pencha et ramassa le bijou. Cinabre s'interposa avant qu'il ne le détruise.
- Non, chevalier, attends. Nous sommes ici quatre représentants du peuple dragon et je parle maintenant en leur nom. Nous te faisons cadeau de ce bijou qui te permet d'agir sur nous. Après ce que nous venons de voir, tu n'en feras pas mauvais usage. Rends l'Ormonde aux dieux ; cet objet n'est pas fait pour rester dans des mains mortelles. Chevalier cyrique, par ce que tu viens de faire, tu viens de gagner ton nom.
En effet, les chevaliers cyriques gagnaient leur nom à la guerre ou en accomplissant des exploits. Trop jeune, Tiernvael était pour l'instant sans nom et il sentit un frisson lui parcourir le dos en entendant qu'il allait recevoir son nom.
- Je te nomme Tiernvael du Dragonrubis. Reçois ce nom de moi, Cinabre d'Erythriscalgion, seigneur dragon rouge, et sois-en digne.
Emu, Tiernvael baissa les yeux et s'aperçut alors que le bijou qu'il avait pris à l'homme-dragon était devenu aussi rouge que le sang. Cinabre sembla comprendre son étonnement.
- La pierre du dragon prend la couleur que les dragons veulent. Je l'ai faite rouge, comme moi, ajouta-t-il, avec un sourire moqueur pour son incorrigible ego.
Tiernvael sourit. Cinabre posa avec une douceur extrême une de ses pattes sur l'épaule du jeune chevalier.
- De toi descendra une race d'hommes vaillants et forts, dit-il.
- D'hommes ! répéta Tiernvael en pâlissant légèrement.
Cinabre hocha la tête et quitta le château, suivi des autres dragons. Seul Stil-de-grain resta.
- Quelle sagesse est celle de ce dragon rouge ! commenta-t-il.
Mais Tiernvael semblait bien trop désespéré pour l'écouter. Il reprit sa route errante, accompagné de Stil-de-grain, à qui il essaya plus d'une fois de fausser compagnie, mais le dragon d'or savait quelle était sa peine et il se refusait à l'abandonner. Les jours passèrent, puis les mois. A Rougevallée, Amoreena ne recevait toujours pas de nouvelles de son chevalier. Sa tribu était encore hostile, malgré toutes les rumeurs flatteuses qui couraient sur le compte de Tiernvael du Dragonrubis. Pour les elvinns, l'absence du chevalier prouvait que cette réputation était fausse.
Tiernvael finit par ne plus y tenir. Il reprit le chemin de Rougevallée, mais il y arriva en sang. Amoreena, qui parcourait les contrées environnantes en espérant le rencontrer la première, tomba sur son campement par hasard. Stil-de-grain veillait sur lui. La jeune elvinn s'approcha du svinn ; celui-ci, rendu méfiant, reprit sa véritable forme. Amoreena poussa un cri de terreur, mais loin de s'enfuir, elle se planta courageusement devant le corps de son chevalier pour le défendre. Tiernvael l'aperçut dans un demi-sommeil, ce qui calma Stil-de-grain. Le peuple elvinn ne parut pas spécialement ravi de revoir le chevalier cyrique, surtout que la pierre du dragon corroborait toutes les rumeurs, ainsi que la présence d'un dragon d'or à ses côtés.
Le père d'Amoreena continua de s'opposer avec la même farouche résistance au mariage des deux jeunes gens. Tiernvael allait céder, son honneur de chevalier lui interdisant le moindre geste de rébellion, quand Stil-de-grain intervint. Devant le gigantesque dragon d'or, les elvinns se sentirent tout à coup beaucoup moins sûrs d'eux. Mais cela ne servit à rien. Amoreena résolut le problème en s'enfuyant de sa tribu sur les traces de Tiernvael ; le jeune chevalier était d'avis de sacrifier son amour et de ramener la jeune fille à son père, mais Stil-de-grain s'y opposa fermement et le menaça même de le tuer s'il le faisait. Tiernvael dut céder à nouveau, mais il était sans cesse assailli par la crainte que Amoreena ne regrette sa tribu, aussi lui accorda-t-il toutes ses préventions et la jeune elvinn ne douta jamais une seule seconde de l'amour de son chevalier.
Elle lui donna trois fils qui reçurent tous des noms de dragons et qui avaient pour parrains ces mêmes dragons. L'aîné s'appelait Cinabre. Ce fut là une occasion pour Tiernvael de revoir le vieux dragon rouge qui veillait désormais sur un trésor qui avait quadruplé de valeur. Le jeune chevalier avait vingt ans quand il avait croisé le chemin de Cinabre pour la première fois et il en avait quarante-deux quand le dragon rouge mourut. Tiernvael pleura comme un enfant sur le grand corps rouge et demanda à Stil-de-grain de le réduire en cendres pour qu'il ne soit jamais la proie des charognards. Il conserva une magnifique écaille rouge qu'il garda précieusement sur lui, en souvenir de cet ami peu commun. Amoreena mourut peu après Cinabre et Tiernvael faillit sombrer dans la folie tant était grande sa douleur. Seul Stil-de-grain réussit à l'en empêcher ; il confia l'éducation des trois fils de Tiernvael à de vieux dragons de métal à la sagesse déjà maintes fois éprouvée et emmena son ami sur les routes. Le chevalier cyrique accomplit de nouveau maints exploits, surtout en corrélation avec les dragons, et son nom résonna de nouveau partout sur la planète.
Un elvinn, qui avait eu autrefois l'espoir d'épouser Amoreena, retrouva alors la trace de son heureux rival et l'attaqua par traîtrise. Le vaillant chevalier, qui avait affronté avec succès des dragons et des monstres tous aussi redoutables les uns que les autres, succomba sous les coups d'un elvinn prématurément vieilli. Le chagrin de Stil-de-grain fut immense et Draghnien dut user de toute son influence pour l'empêcher d'exterminer à jamais toute la race des elvinns. Mais maintenant que le chevalier était mort, la tribu d'Amoreena daigna enfin dire qu'il aurait été digne d'une des filles de leur clan. Tiernvael laissait derrière lui trois fils, faits à l'image de leur père et de leur mère, et ils jurèrent que le nom de Dragonrubis ne s'éteindrait pas de sitôt.
Texte © Azraël 1997 - 2002.
Stil-de-grain est arrivé de Downloadable Dragons en 2000. Cinabre est arrivé de Downloadable Dragons en 1999.
Bordure et boutons Fire drake, de Silverhair
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