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Lualyrr
Azraël prit la tête de l'expédition, suivi d'Elvanshalee qui s'intégrait dans le groupe sans trop de commentaires, Zarth fermant la marche. Julian marchait les yeux fixés sur la chevelure neigeuse d'Elvanshalee, songeant aux derniers événements, quand il remarqua soudain quelque chose : Elvanshalee était une drow. Il se tourna vers Zarth et lui montra la jeune drow.
- Peut-on lui faire confiance ? Elle fait partie de ce peuple maudit...
Zarth le regarda avec un léger sourire et Julian se sentit complètement idiot : il demandait cela à Zarth, qui était lui aussi un drow.
- Va en parler avec Azraël, conseilla le jeune drow. C'est lui qui l'a acceptée dans notre groupe.
Julian hocha la tête et remonta la colonne. Dès qu'il arriva à la hauteur du jeune aventurier, le regard noir aux profondeurs de silence et de solitude se tourna vers lui.
- Que veux-tu, Julian ? demanda-t-il d'une voix calme.
- La drow... Peut-on lui faire confiance ?
Azraël eut un curieux sourire. Julian se rappela qu'il prétendait que personne ne pouvait lui faire confiance. Comment aborder le problème ?
- Elvanshalee ! appela-t-il sans même se retourner.
- Oui, Azraël, répondit docilement la jeune drow en se portant à ses côtés.
- Julian voudrait savoir si on peut te faire confiance.
Elle regarda longuement le jeune chevalier avec un air étrange, puis dit doucement :
- Je suis disciple d'Eilistraee.
Un long soupir s'échappa des lèvres de Julian et sa poitrine s'abaissa.
- Je suis désolé d'avoir douté de vous, dit-il noblement.
Azraël ricana.
- En ce moment, Julian doute de tout le monde. Autant achever les présentations, puisque j'ai oublié de le faire : Elvanshalee Reks'Ymor, fidèle d'Eilistraee, Julian d'Agenor, chevalier du néant. Vous pouvez vous faire confiance tous les deux, ajouta-t-il pour prévenir tout commentaire, dans la mesure du sens que vous accordez à ce mot, bien entendu.
- Si tu me dis que je peux faire confiance à cet homme, je te croirai, répondit gravement Elvanshalee.
Julian prit un air intrigué.
- Ce n'est rien, Julian, expliqua Azraël. Dans mon jeune temps, j'étais un sujet si intéressant que ceux de la Guilde envisagèrent un moment de resserrer les liens avec les drows par un mariage. Elvanshalee n'était pas alors connue pour être une disciple d'Eilistraee et sa famille était fort recherchée. Il fut question de fiançailles entre nous. Caliga, mon maître, alors encore vivant, y mit son veto. J'en fus bien aise, car j'aurais trouvé dommage de tuer Elvanshalee pour une question de fiançailles. Depuis, elle en a gardé une sorte de vénération pour moi, qui n'a rien à voir avec de l'amour, je te rassure !
Zarth s'était rapproché.
- J'ignorais cela ! s'exclama-t-il, étonné. Et pourtant, j'aurais dû être un des premiers au courant, étant ton frère de sang !
- Le projet est resté secret, reprit Azraël. Ni Elvanshalee, ni moi ne tenions que cela s'ébruite.
Il reprit un peu d'avance pour continuer son travail d'éclaireur, tandis que Julian et Elvanshalee continuaient à discuter à voix basse.
- Azraël, reprit Zarth un peu plus loin, comment comptes-tu faire pour retrouver l'endroit où est gardée l'âme de Gaud ?
- Une seule solution, gronda le jeune homme. Pister.
- Que veux-tu pister ? demanda le jeune drow, stupéfait.
- L'odeur que je déteste la plus au monde : celle d'Ankrist. Tu peux être sûr qu'il a trempé là-dedans.
- L'âme de Gaud ? intervint Elvanshalee. Je crois que je sais où elle est gardée.
Ces paroles jetèrent un froid dans l'assemblée. Azraël s'arrêta net et pivota sur ses talons pour plonger son regard dans les yeux de la jeune drow.
- Tu veux dire que tu sais depuis longtemps qu'on a jeté un sort de double noir sur Gaud et que tu n'as rien fait ?
Effrayée devant l'éclat inaccoutumé des prunelles noires, Elvanshalee fit un pas en arrière ; à la surprise des autres, Julian lui entoura les épaules de son bras.
- Mais comment... que pouvais-je faire ? bégaya la jeune elfe noire. Pour les drows, ce sort n'est pas répréhensible.
- Comment le sais-tu ? demanda Azraël en essayant d'éviter d'être brutal, ce qui n'eut qu'un piètre effet.
- Sa fille me l'a dit.
- Sa fille ?
- Oui. C'est elle qui passe la majeure partie du temps à veiller sur le flacon. C'est une de mes plus anciennes collègues.
Azraël leva les yeux vers le ciel, mais ne marqua pas davantage la surprise qui l'avait pris à cette nouvelle.
- Explique-toi un peu plus, tu veux bien, Elvanshalee, reprit-il d'un ton un peu hargneux. Qui est la mère, d'abord ? J'ignorais que Gaud était marié.
- Eh bien, il n'est pas marié au sens strict du terme... Tu sais que pour les drows, ce mot ne veut rien dire. En fait, la mère de Shyntlara est Kaliffa.
- Par tous les dieux ! fit Zarth d'une voix sourde. Mais personne ne le savait !
- Kaliffa s'est bien gardée de le dire partout. Shyntlara ne me l'a dit que par erreur. Je dois être la seule, outre ses parents, à connaître la vérité.
- Pas tout à fait, fit une voix mélodieuse à côté d'eux.
Azraël réagit à la vitesse de l'éclair : il dégaina son cimeterre d'une main, tout en attrapant l'intrus en glissant son bras sous sa gorge.
- C'est inutile, Azraël, reprit la voix mélodieuse. Je ne suis pas venue en ennemie.
Même s'il avait rencontré la drow pour la première fois ce même jour, Azraël la reconnut rien qu'en la tenant contre lui.
- Comment pourrais-je croire que la fille de Kaliffa a des intentions pacifiques ? grinça-t-il.
- Vois toi-même. Je ne suis pas armée.
Azraël hésita un instant, rattacha son cimeterre à son système spécial et sa main fit rapidement le tour de la taille de la jeune drow.
- D'accord. Et qu'est-ce que ça me prouve ? continua-t-il sur ce ton rogue qu'il avait adopté.
- Azraël, soupira Lualyrr, j'adore que tu me tiennes comme ça, mais ce n'est quand même pas pratique pour discuter.
- Ça m'est complètement égal, fille de Kaliffa, rétorqua le jeune homme. Que viens-tu faire par ici ?
- Je vous suivais, répondit Lualyrr. Je vous ai entendus parler de Shyntlara.
- Et tu considères qu'elle te menace, peut-être ? ricana Azraël en resserrant son étreinte autour du cou frêle de Lualyrr. Tu as déjà vu mourir ton père sous tes yeux, mais ça ne te suffit pas encore ! Tu as soif de sang, comme ta mère !
- Vyn n'était pas mon père, fit Lualyrr en haussant ses gracieuses épaules. Sa mort ne me touche pas.
- Réponds, fille de Kaliffa ! Que veux-tu à Shyntlara ?
- Défendrais-tu une fille de Kaliffa contre une de ses soeurs ? ironisa Lualyrr. Je veux juste lui parler.
- Je ne te crois pas ! lança soudain Elvanshalee. Shyntlara est née avant toi et tu la tueras pour assurer ta place de fille aînée !
- Une bâtarde n'a pas le droit de prétendre au titre de matrone, rétorqua dédaigneusement Lualyrr.
- Quand tu regardes Shyntlara, tu n'as pas l'impression de voir une bâtarde, se justifia Elvanshalee.
Azraël réfléchit rapidement et prit sa décision. D'un geste vif, il lia les minces poignets de Lualyrr dans son dos, lui entrava les chevilles et la jeta sur son épaule.
- Je peux encore crier, objecta Lualyrr en se tortillant, mal à l'aise.
- Si tu cries, tu n'auras plus jamais l'occasion de recommencer, répondit calmement le jeune homme.
Il regarda par-dessus son épaule et s'aperçut aussitôt du problème : la longue chevelure neigeuse de Lualyrr, dénouée, traînait par terre. Avec un soupir, il souleva la jeune drow dans ses bras ; Lualyrr plongea ses yeux dans les siens.
- Il y a quelques années, tu m'aurais tuée sans autre forme de procès. A quoi dois-je ta clémence ?
- Je ne t'aurais pas tuée. J'aurais fait la même chose qu'aujourd'hui : Shyntlara et toi réglerez vos comptes toutes les deux, moi, je m'en lave les mains.
Lualyrr lui répondit par un petit rire de gorge.
- Tu es vraiment adorable, Azraël ! murmura-t-elle malicieusement.
Le jeune homme ne répondit pas ; il sentait le danger qui se profilait. Non celui dû à l'attaque qu'ils allaient donner, mais celui qui venait de cette jeune drow qu'il tenait dans ses bras.
- On approche ! chuchota Elvanshalee.
Azraël s'arrêta et huma l'air, retrouvant les effluves qui accompagnaient toujours Ankrist, même depuis qu'il était zombie. Il déposa Lualyrr à terre et referma ses doigts sur la nuque de la jeune drow.
- Maintenant, silence ! Il y a suffisamment de force dans mes doigts pour te briser la nuque si tu tentes quoi que ce soit !
Lualyrr lui lança un sourire lumineux.
- Arrête de te méfier de moi ainsi ! répondit-elle.
Quand ils en furent tellement proches qu'ils auraient pu entendre les drows discuter entre eux, s'ils avaient discuté, ils s'arrêtèrent de nouveau. Azraël confia Lualyrr aux bons soins de Zarth et la jeune drow n'essaya pas taquiner l'elfe noir ainsi qu'elle le faisait avec le jeune aventurier. Azraël s'éloigna un peu et se prépara. Il réajusta son serre-tête, pour être sûr que ses cheveux ne viendraient pas dans ses yeux au moment décisif, cacha son sac à dos dans une anfractuosité après en avoir tiré son baudrier de navajas. Il ressemblait à une armurerie vivante, avec ses deux cimeterres à la ceinture, le troisième derrière l'épaule droite, ses neuf navajas lui barrant la poitrine et la dixième au creux des reins. Il revint vers ses amis et ils virent tout de suite qu'un changement s'était opéré en lui : son regard était plus dur et il était très calme, très maître de lui-même.
- Ne bougez pas, ordonna-t-il. Zarth, tiens-toi prêt à intervenir si tu entends le signal habituel. Sinon, ne faites pas le moindre mouvement !
Il dégaina d'un mouvement fluide le cimeterre de la lune et se coula dans l'étroite galerie devant laquelle ils étaient.
Tout d'abord, ce fut le silence. Azraël progressait lentement, frôlant quasiment la roche, tous les sens aux aguets, prêt à bondir. Il coula un regard discret dans la grotte qu'il atteignait : elle était de petite dimension, relativement sombre, et une jeune drow s'y tenait assise, une arme à portée de la main. Azraël huma l'air autour de lui ; pas de doute, l'odeur d'Ankrist était ancienne. Il n'y avait que cette jeune elfe noire. Alors, un sourire dédaigneux aux lèvres, il rengaina son cimeterre et entra dans la grotte. La jeune drow fut debout en un clin d'oeil, épée à la main, et se trouva face à un jeune homme qui la regardait les bras croisés. Elle le fixa longtemps, troublée, et sa main se baissa comme malgré elle.
- Azraël ? murmura-t-elle.
- En personne, rétorqua-t-il. Qu'attends-tu pour m'attaquer ?
A sa grande surprise, la jeune drow se détourna pour reposer son épée.
- Je ne t'attaquerai pas, reprit-elle tout aussi doucement.
Azraël la regarda un long moment ; elle était très jeune, plus jeune encore que Zarth ou Elvanshalee, et il était impossible qu'elle soit l'aînée de Lualyrr. Mais il connaissait suffisamment Elvanshalee pour savoir qu'elle était capable de mentir sans vergogne pour étudier la réaction des gens. La jeune drow continuait à le regarder et, dans les yeux rouges sans iris, il crut apercevoir comme un reflet d'ambre. Le visage était fin et bien ciselé, le front était barré par plusieurs mèches blanches mousseuses, tandis que le reste des boucles neigeuses cascadait dans son dos. Elle n'avait aucun trait de ressemblance avec Kaliffa ou avec Gaud. Elle ressemblait plutôt à Shilka. La comparaison le rappela à la réalité ; il se souvint comment Shilka avait manipulé Zarth, lui faisant croire tout ce qu'elle voulait, sans jamais perdre son air vulnérable. Cette jeune drow en face de lui était visiblement capable de la même chose. Ils s'affrontèrent encore un moment du regard, puis Azraël fit un pas en avant, sans se départir de son air renfermé.
- Où est le flacon où l'on garde l'âme de ton père prisonnière ?
Le visage de la jeune drow trahit sa déception.
- Les dieux sont témoins que je peux tout te céder, mais pas ça, dit-elle pour toute réponse.
Azraël avança encore et referma ses doigts sur le cou de celle qu'il supposait être Shyntlara.
- Pourquoi ? articula-t-il.
- Si je te le donne, le sort que me réservera Liriel sera pire encore que ce qu'endurent les driders ! répondit Shyntlara sans perdre son calme.
- Et si tu ne me le donnes pas, je te passe au fil de ma lame, répliqua Azraël tout aussi calmement. Et ma justice sera beaucoup plus prompte que celle de Liriel, vu que notre pauvre déesse doit être bien mal en point en ce moment.
Shyntlara ouvrit de grands yeux.
- La dernière fois que je l'ai vue, elle n'allait pas très fort, continua Azraël, imperturbable.
Soudain, il bondit en arrière, envoyant la jeune drow bouler au sol par la même occasion, et dégaina son cimeterre dans le même mouvement. Face à lui, deux hommes, vêtus de noir, le regard halluciné et un vague air qu'il ne connaissait que trop. Il s'agissait de clones de Gaud.
- Salut à toi, Azraël le grand ! dirent-ils d'une seule voix.
- Salut à vous, usurpateurs de corps et d'âmes, répondit le jeune homme du même ton que s'il les avait félicités.
- En garde, Azraël ! Nous allons voir si tu es aussi bon que tu le prétends !
D'un geste fluide, les deux hommes face à lui dégainèrent. D'un coup d'oeil, Azraël comprit que la Guilde n'avait pas choisi les corps d'accueil au hasard : elle avait sélectionné des guerriers d'élite, dont la conscience restait à fleur de peau, même après le sortilège. Il allait avoir affaire à forte partie. Il ne lui fallut que qu'une fraction de secondes pour redevenir la bête sauvage que craignait tant Laguz et pour faire face, un cimeterre dans chaque main, celui de la lune à droite et son cimeterre habituel, marqué de la rune des assassins, dans la main gauche.
- Je ne prétends jamais. Je suis ! lança-t-il, bravache.
Les deux clones se précipitèrent sur lui dans un ensemble parfait. Il para à la perfection, ayant oublié tout le reste. Tout son être ne pensait plus qu'au combat, bien que continuant à surveiller Shyntlara du coin de l'oeil. Un véritable assassin ne se fiait à personne, même dans un combat qui aurait pu passer pour loyal.
- Rends-toi à l'évidence, Azraël ! lança celui qu'il avait surnommé Gaud numéro un. Ta vie est vide de sens ! Tu n'es rien !
- Je le sais, admit calmement Azraël. Mais ça ne change rien au problème.
- A quoi cela te sert-il d'être le meilleur quand tu n'as plus personne en face ? fit numéro deux en écho. Nous ne comprenons pas tes motivations. Quel est ton but ? Assassin mercenaire ? Il te faut une guilde !
- Non ! fit Azraël, d'un ton peu aimable. La vie dans une guilde n'est que mensonge !
- Mensonge ? Mais qui se cachait derrière un faux nom ? Qui se faisait passer pour ce qu'il n'était pas ?
Si Azraël n'avait pas opéré une transformation intérieure avant de commencer le combat, il aurait été touché de ces arguments, mais la bête fauve au fond de lui n'entendait rien à tout cela. Une seule chose comptait : leur poitrine au bout de ses lames.
- Ta vie est vide de sens, répéta numéro un. Vide de sens...
Azraël se redressa et son regard se fit incandescent.
- Je ne suis qu'une ombre ! gronda-t-il d'une voix qui tenait plus du feulement.
Il s'offrit le luxe de lever un de ses cimeterres vers le ciel, en ce muet salut qu'il lui arrivait parfois d'exécuter, dédié à une personne inconnue, pour peu qu'il soit dédié à quelqu'un, et s'investit vraiment dans le combat. Le fauve prit le dessus, le chasseur sauvage, primitif et dangereux. Soudain, il s'écarta, évitant un coup porté par-derrière. Un Gaud numéro trois venait de faire son apparition. Shyntlara restait stupéfaite devant la rapidité des réflexes d'Azraël. Comment avait-il pu savoir qu'un troisième allait l'attaquer ? En réalité, ce n'était pas Azraël lui-même qui le savait, mais le fauve en lui, qui sentait tout, qui prévoyait tout et qui anticipait. La danse des lames étincelantes s'accéléra, atteignant une vitesse stupéfiante. Les trois Gaud n'en parurent pas impressionnés. Le premier sang coula ; à la surprise de Shyntlara, il s'agissait de celui d'Azraël. Le jeune homme s'en moquait. Ses yeux flamboyèrent et il repartit à l'attaque. Coup sur coup, deux clones furent touchés : le premier était blessé au coude et le deuxième avait une éraflure brûlante au cou.
- Simples bagatelles, lança dédaigneusement numéro deux, qui n'avait pas été touché. Nous avons l'honneur du premier sang.
- Qu'importe le premier ! Il suffit de verser le dernier, rétorqua Azraël d'une voix rauque.
Il se laissa acculer contre une paroi rocheuse, prit appui contre elle et se propulsa vers ses trois adversaires. Ceux-ci ne parvinrent jamais à reconstituer la scène : au passage, il rengaina un de ses cimeterres, grâce à son système spécial, prit une de ses navajas dans son baudrier et, tout en roulant au sol, il se redressa suffisamment pour planter son arme dans la poitrine d'un des Gaud. Numéro deux, surpris, s'effondra en crachant du sang. Azraël se redressa, indemne, hors de portée, ses deux cimeterres de nouveau en mains.
- A qui le tour ?
Il dessina une lente courbe de son cimeterre marqué d'un éclair, pivota sur son pied d'appui et recommença la manoeuvre d'échanger son cimeterre contre une navaja. Quand il refit face à ses adversaires, un éclair argenté partit de ses mains et alla se ficher entre les côtes du numéro trois.
- En plein dans le mille ! Eh bien, Gaud numéro un, il ne reste plus que toi, commenta Azraël alors que le deuxième clone s'abattait sur les genoux en tentant d'arracher la navaja de son corps.
- Tu ne l'emporteras pas au paradis, Azraël, c'est moi qui te le dis ! maugréa le sacrificateur.
Il leva une main, lança un sort et Azraël se retrouva aussitôt aveuglé ; sans perdre son sang-froid, il s'orienta avec son ouïe et comprit que Gaud s'enfuyait. Indifférent, il le laissa faire et attendit, l'oreille aux aguets, que la lumière revienne. Enfin, quand il put revoir Shyntlara, il respira profondément, pour chasser de lui la bête sauvage qui avait refait surface pendant le combat. Il l'avait laissé prendre le dessus deux fois en peu de temps et, s'il continuait ainsi, il finirait par ne plus pouvoir la chasser. Prudente, Shyntlara resta à l'écart tant que les yeux d'Azraël n'eurent pas repris leur éclat normal.
Texte © Azraël 1996 - 2002.
Bordure et boutons Black Cat, de Silverhair
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