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Le grand maître des élixirs
Azraël ne fit aucune remarque ; il désigna simplement la grotte à Méline, qui comprit aussitôt et qui entra.
- Nous repartirons avec le soleil, fit Azraël d'une voix rauque en la suivant, bien qu'en restant à une certaine distance.
Méline se retourna brusquement.
- Egan, vas-tu rester distant de moi comme cela le restant de tes jours ? demanda-t-elle d'une voix presque implorante.
- Je resterai distant le temps qu'il faudra pour que tu comprennes que t'attacher à moi te mènera à ta perte.
- Egan, tu m'as dit plusieurs fois que tu m'aimais, tu me l'as montré, tu as défié Farenir pour me sauver... Est-ce que cela ne compte pas pour toi ? Est-ce que tu ne m'aimes plus ?
- Méline, je te l'ai déjà dit : je t'aime et je t'aimerais encore si tu étais un démon. Mais ça ne change rien à la situation : tu es souveraine du feu et je ne suis qu'un aventurier, un assassin ! Est-ce que tu comprends cela ? Un souverain peut avoir des aventuriers ou des assassins à sa solde, même s'il ne s'en vante pas, mais jamais au grand jamais, on a entendu parler d'un souverain amoureux d'un assassin !
- Je croyais que tu te moquais de l'opinion publique, observa Méline.
- C'est le cas, Méline, je t'assure. Mais pas quand il s'agit de toi.
Méline allait répliquer, mais un bruit de sabots l'en dissuada. La pluie avait commencé à tomber pendant leur discussion et, d'eux-mêmes, Solitudines et Furnerius étaient entrés dans la grotte. Mais le bruit de sabots qu'elle entendait maintenant n'avait aucun rapport avec Furnerius ou Solitudines. Un inconnu pénétra dans la grotte.
- Je suis désolé de vous déranger, nobles voyageurs, fit-il d'une voix douce et parfaitement articulée, mais acceptez-vous de nous donner l'hospitalité pour cette nuit, à ma monture et moi-même ?
Azraël le regarda un instant sans répondre, détaillant les traits qui lui apparaissaient sous le capuchon rabattu, puis il eu un sourire léger.
- Bienvenue sous notre toit, voyageur ! lança-t-il. La chère est pauvre et maigre, mais un humble est toujours accepté parmi nous.
L'inconnu releva la tête avec vivacité.
- L'humble est souvent protégé des dieux, répondit-il d'un ton presque mécanique. Par Mythilène, est-ce que je suis en train de rêver ? Un confrère ici ?
- J'ignorais que tu rêvais de moi, Thurisaz, rétorqua Azraël avec un sourire malin.
- Egan ! Egan Pendragon ! Par tous les dieux ! Je pensais depuis longtemps que les Fils des Ténèbres t'avaient eu ! On n'a parlé que cela, glorifiant le dernier chevalier de la guerre qui tenait tête à la fameuse Guilde.
- Et moi qui pensais que seuls, quelques initiés étaient au courant de l'existence de la Guilde et de ses démêlés avec les chevaliers de la guerre...
- Tu te souviens d'Adêlos , notre maître à tous ?
- L'Obscur... Oui, je m'en souviens.
- Il a toujours eu beaucoup de contact avec les dieux, surtout avec Mythilène, naturellement. Et Mythilène prend toujours soin de la vie de ses enfants. Malgré tes appartenances à une centaine d'ordres différents, tu es un enfant de Mythilène. C'est par Adêlos que nous avons connu tes... problèmes.
Azraël avait souri quand Thurisaz avait évoqué le nombre d'ordres auxquels il appartenait, mais autre chose avait attiré son attention.
- Pourquoi Adêlos ne vous a-t-il pas dit que j'avais survécu ?
- Adêlos est mort, Egan. Il était déjà vieux quand tu es venu parmi nous. Mythilène lui a rendu sa fin douce.
- L'essence des tombes ? demanda Azraël.
Thurisaz hocha la tête. L'essence des tombes était, avec le venin de chimère, le seul poison auquel les grands maîtres des élixirs n'étaient pas immunisés. Seul dans tout le monde, mortel et divin, Ordreth pouvait avaler l'essence des tombes sans mourir. Il en avait même fait un des composants de sa boisson favorite.
Méline se rapprocha imperceptiblement d'Azraël. Elle ne connaissait pas Thurisaz et le fait de savoir qu'il était grand maître des élixirs ne la rassurait pas vraiment. On disait d'eux qu'ils pouvaient empoisonner le sang des gens rien qu'en les regardant. Bien sûr, Méline n'y croyait pas vraiment, mais, ne sachant pas d'où venait leur immunité à quasiment tous les poisons existants, elle se méfiait.
Azraël aperçut le léger mouvement qu'elle fit et eut un gentil rire.
- Voyons, Méline, tu ne vas pas croire tout ce que raconte le peuple sur notre ordre ! Ce sont des racontars sans fondements !
Le regard de Thurisaz s'était assombri et il rejeta en arrière son capuchon. Ses yeux bleus étaient calmes et doux, et ses cheveux blancs trop longs lui faisaient comme une auréole neigeuse autour de la tête. Comme Azraël, ses pieds étaient nus.
- Notre ordre est assez incompris, il est vrai, admit-il à contrecoeur. Mais nous ne sommes pas maléfiques pour autant.
Méline fut prise de remords et elle pensa qu'elle ne s'était jamais vraiment posé la question : qu'était réellement l'ordre des élixirs ? Azraël sembla parfaitement comprendre ce qu'elle pensait et il commença doucement, les yeux fixés sur le feu qu'il avait allumé :
- L'ordre des élixirs est ce que l'on appelle un ordre divin, c'est-à-dire qu'un dieu est à l'origine de sa création, et non pas un mortel, qui aurait ensuite choisi d'adorer un dieu. La hiérarchie est relativement simple, puisqu'il n'y a que trois niveaux : l'apprenti, le maître des élixirs et le grand maître des élixirs. En général, il n'y a qu'un grand maître des élixirs par confrérie, les autres ayant émigré dans une autre contrée pour fonder leur propre confrérie. Cependant, tous les ans, il y a une réunion de tous les grands maîtres. Les membres de l'ordre s'immunisent à tous les poisons connus, souvent par absorption du poison lui-même. Mais quand la seule possibilité de s'immuniser au poison passe par l'antidote, il y a des épreuves à passer, pour montrer à Mythilène que l'on est digne d'être immunisé. Alors notre déesse fait en sorte que l'antidote soit véhiculé par le sang de façon naturelle, ou généré par l'organe attaqué par le poison. Quand on atteint enfin la dignité de grand maître, Mythilène nous immunise magiquement à certains poisons qui n'ont pas d'antidote connu. Dès que l'on est maître des élixirs, on a le pouvoir de faire passer le poison d'un corps au nôtre, pour pouvoir le guérir, mais à nos risques et périls. Une fois grand maître, on étudie pour apprendre à fabriquer les antidotes et d'autres potions diverses et variées.
- Quel est le but de l'ordre ? demanda Méline.
- Aller de par le monde pour soigner les empoisonnements et guérir certaines maladies par nos potions. Mais l'idéal s'est perdu trop vite, je le crains. L'ordre vit renfermé sur lui-même, avec plusieurs grands maîtres par confrérie. Il existe encore quelques grands maîtres errants, comme Thurisaz, mais leur réputation est ternie par nos renégats, et Mythilène sait que nous en avons !
Thurisaz, le regard triste, prit la parole à son tour :
- Mythilène choisit parfois quelques grands maîtres errants et leur fait don d'un nouveau pouvoir, terrifiant : celui de faire passer le poison de notre sang à un autre. Et ceux-là, elle les immunise aussi à un autre poison, baptisé Foudremort, que l'un d'entre nous a élaboré comme chef-d'oeuvre pour passer grand maître des élixirs. Et ceux qu'elle a choisis sont chargés de traquer les renégats, acheva-t-il dans un soupir, et de les tuer par l'injection de Foudremort.
Azraël regarda Thurisaz, soudain soupçonneux.
- Sois franc, Thurisaz, tu n'es pas venu me tuer en tant que renégat, dis-moi ?
Le grand maître des élixirs soupira de nouveau.
- Non, Egan, non, je ne suis pas venu pour cela.
- Notre rencontre n'est pas fortuite, n'est-ce pas ? Tu me cherchais et tu avais entendu parler du nouveau champion du feu.
- C'est exact, avoua Thurisaz en abaissant sa tête blanche. Je te cherchais bien, mais pas pour te nui... te tuer. Mythilène veut faire de toi un chasseur de renégats et t'immuniser à Foudremort.
- Je suis déjà immunisé à Foudremort, Thurisaz, répondit Azraël d'un ton léger. C'est moi qui l'ai créé.
Thurisaz le fixa d'un air stupéfait.
- Ne me regarde pas comme ça ! s'exclama Azraël. Tu aurais fait comme moi, Thur. J'avais créé un poison foudroyant et je n'allais pas laisser quelqu'un pouvoir l'utiliser contre moi.
Thurisaz releva à peine le fait que Azraël l'avait appelé par son surnom, qu'il n'avait pas entendu depuis longtemps.
- Par Mythilène, Egan, je crois bien t'avoir maudit quelques centaines de fois pour avoir inventé ce poison. J'espère que Illustra n'aura pas pris mes malédictions en compte.
- Bah, ne t'inquiète pas ! Illustra en a déjà tant pour moi qu'elle fera une malédiction collective.
- J'aurais pourtant dû m'en douter, continua Thurisaz sans se préoccuper de l'interruption, tu étais si doué ! En un an, tu as appris tout ce qu'ils avaient à t'enseigner, alors qu'il m'avait fallu dix ans pour savoir la même chose que toi. Je crois que je t'ai jalousé souvent.
- Et moi, je t'ai admiré, rétorqua Azraël d'un ton doux. Je t'ai admiré pour la ténacité que tu mettais à apprendre tout cela et j'ai été heureux quand nous avons réussi tous les deux en même temps à devenir grands maîtres des élixirs. Mais, si cela peut te consoler, c'est un peu normal que j'aie appris si vite : j'avais déjà suivi des formations avant, tu te rappelles ?
- Oui, vaguement... Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était...
- Tu n'es pas vieux, Thur ! protesta Azraël.
Thurisaz sourit et renvoya ses longs cheveux blancs en arrière.
- Mais si, Egan, je suis vieux. Plus de dix ans ont passé depuis que tu es parti de la confrérie et je suis venu beaucoup plus tard que toi vers l'ordre. Mais tu as raison, je me souviens : chevalier du silence et chevalier des rapaces, non ?
- Oui. Etre chevalier du silence demande un entraînement très dur. Je dis souvent que je suis devenu chevalier du silence à seize ans, mais je triche : j'avais commencé l'entraînement depuis longtemps. L'ordre du silence est l'un de ceux où j'ai passé le plus de temps : j'y ai vécu deux ans, à m'entraîner sans cesse et à apprendre, à maîtriser le silence, à savoir distinguer ce que tu peux dire ou non sans porter le moindre préjudice. L'apprentissage du silence est dur, très dur. Quant à la résistance aux poisons... chez les chevaliers des rapaces, on dédaigne de prendre des gants lors du dressage des rapaces. Alors, il faut bien que le corps lutte contre toutes les infections que l'on attrape par les griffures. J'ai mis six ans à me débarrasser des cicatrices laissées par les serres.
Thurisaz sourit, puis revint au sujet qu'il avait d'abord évoqué.
- Que penses-tu de l'offre de Mythilène à ton égard ?
- Je ne peux pas, Thurisaz. Je n'utilise pas le poison pour tuer ; c'est une arme que je n'aime pas. Si je trouve des renégats des élixirs sur mon chemin, je les éliminerai sans état d'âme, mais je ne veux pas être chargé de la mission divine de les exterminer. Cela ressemble trop à de l'épuration et il y a déjà Ordreth qui fait cela avec les elfes. Je lutte actuellement comme je le peux contre Ordreth, je ne veux pas passer dans le camp des exterminateurs. Et, honnêtement, je crois que ma cause est plus vitale que celle de Mythilène.
Thurisaz comprit fort bien qu'il s'agissait d'un refus définitif et n'insista pas. La nuit étant bien avancée, Méline et Thurisaz s'allongèrent de chaque côté du feu pour dormir les quelques heures qu'il restait, laissant Azraël le regard plongé dans le feu.
Le lendemain trouva Azraël dans la même position. Il partagea ses rations avec Thurisaz et Méline, le grand maître des élixirs proposant rapidement de ses propres provisions une fois qu'il eut mordu dans la viande dure que lui tendait Azraël.
- J'ai réfléchi, Thur, commença le jeune homme, et j'ai à mon tour une proposition à te faire. Elle est sans doute moins glorieuse pour toi que ne l'est le nouveau statut que t'a confié Mythilène, mais je pense que cela te correspondra plus. Comme tu le sais certainement, Ordreth et Erza répandent de nouveau le chaos. La souveraine du feu a accueilli chez elle de nombreux réfugiés et, maintenant que les tribus elfes ont été sauvées, ses troupes s'attaquent à celles d'Ordreth, dans l'espoir de libérer quelques prisonniers. Naturellement, les attaques contre Slar sont nombreuses et il y a des blessés. Le besoin en guérisseurs est urgent, surtout que quelques Fils des Ténèbres complotent à la cour et...
- Ne m'en dis pas plus, Egan, l'interrompit Thurisaz. Tu veux que j'aille à la cour flamboyante et que je fasse profiter les défenseurs de mes talents de grand maître des élixirs.
- Exactement, Thur.
Le grand maître des élixirs soupira.
- Je ne sais ce que dirait Mythilène. Elle m'a confié une mission, puis-je l'abandonner ainsi, quand bien même ce serait pour retourner aux sources de notre ordre ?
- Eh bien, demande-lui ! fit Azraël en haussant les épaules. Si les apparitions des dieux se font de plus en plus rares, ils daignent encore communiquer avec nous lorsque nous les prions.
- Oui ! fit Thurisaz. Prier Mythilène !
Sans attendre, il se mit à genoux, joignit les mains et s'abîma dans une prière fervente. En le regardant, Azraël avait comme un air d'envie. La seule déesse qu'il parvenait à prier avec autant de ferveur, c'était Irlenuit, la déesse du silence. Lors de son initiation à l'ordre du silence, il avait appris toutes les prières dédiées à Irlenuit, des prières belles et simples, où chaque mot avait un poids, une signification, et leur pouvoir était tel qu'il était inutile de les prononcer sans foi.
Pourtant, Thurisaz s'éternisait dans sa prière et rien ne se passait. Le grand maître des élixirs finit par relever la tête, le visage ravagé de chagrin.
- Elle refuse de me parler ! dit-il, la mort dans l'âme. Je ne suis plus digne d'elle !
Pour Azraël, ce désespoir parut d'abord exagéré, puis en lui-même, il se demanda ce qu'il ressentirait si Irlenuit refusait de lui parler lors de ses prières, ou si Vilya ne répondait plus quand il l'appelait.
- Egan, aide-moi ! Prie-la, toi ! Mythilène a de l'intérêt pour toi, elle nous l'a montré en donnant à Adêlos des visions à ton sujet. Tu es le créateur de Foudremort, elle t'écoutera sans doute.
Azraël regarda le grand maître des élixirs avec doute. Pourquoi Mythilène accepterait-elle de l'écouter alors qu'elle le refusait à l'un de ses plus fervents adorateurs ? Mais pour répondre à la supplication contenue dans les yeux de Thurisaz, il acquiesça simplement. Il ferma les paupières.
- Mythilène ! appela-t-il dans le silence de son esprit. Nous avons besoin de ta lumière pour être guidés dans la voie de ta sagesse !
Rien. Seul le silence lui répondait.
- Vilya ! Pourquoi Mythilène ne répond pas ?
- Tous les dieux n'aiment pas forcément être interpellés de la façon cavalière que tu utilises avec moi ! fit la douce voix désincarnée qu'il connaissait si bien.
Car celle qu'Azraël appelait Vilya n'était autre qu'Indis, la si belle déesse de la lune, dont il était le fils, puisqu'il était lycanthrope, et qui prenait beaucoup d'intérêt à Azraël.
- Réponds-moi, Vilya !
- Elle est occupée, Egan, soupira la voix. Mais elle va venir.
- Très bien. J'attendrai.
Pour Méline et Thurisaz, il se tenait simplement devant eux, les yeux fermés, son visage toujours impassible. Et puis, après un long moment où tous restèrent immobiles, une voix vint rompre la concentration d'Azraël.
- Que me veux-tu, mon fils ?
A sa surprise, la voix n'était pas dans sa tête. Il ouvrit les yeux : Mythilène était là, devant eux, sa griffe de jaguar autour du cou.
- Mère, j'ai appris quelle mission tu avais confiée à Thurisaz. Mais la cour de Slar a besoin de lui dans la lutte contre Ordreth ! Ne peux-tu le relâcher de son serment jusqu'à ce que nous ayons vaincu ?
- Tu sais, mon fils, qu'il se peut très bien que Ordreth gagne, fit doucement Mythilène en souriant de la présomption d'Azraël.
- Dans ce cas, mère, qui se souciera encore des renégats des élixirs dans un monde qui ne sera plus que cendres et chaos ?
Mythilène sourit affectueusement et se tourna vers Thurisaz.
- Et toi, mon fils, tu ne dis rien. C'est pourtant ta vie qui va en être modifiée. Que souhaites-tu donc ? Préfères-tu continuer à arpenter le monde, libre, en traquant les derniers renégats, ou aimes-tu mieux te confiner à la cour de Slar, à soigner des elfes, à détecter les mille poisons de la Guilde ?
Thurisaz tomba à genoux devant sa déesse.
- Mère ! fit-il d'une voix ardente. Mère, je préférerais tellement rester à Slar ! Des gens ont besoin de moi, mère ! Notre ordre ne fut-il pas créé pour sauver des vies plutôt que pour tuer ? Assassiner ceux qui furent mes confrères, si foudroyant que soit Foudremort, n'est pas quelque chose qui réjouit mon âme ! Cependant, mère, ma volonté se pliera à la tienne si tu juges que cette cause est plus importante que celle d'Egan.
- C'est bien, mon fils, fit Mythilène. Ton humilité et ta modestie m'ont plu. Tu seras exaucé, Thurisaz. Va à Slar, puisque ton coeur le souhaite. Mes voeux vous accompagnent dans votre lutte de tous les jours ! ajouta sombrement Mythilène.
La déesse disparut et, mentalement, Azraël dit doucement :
- Merci, Vilya.
Le léger souffle de vent qui effleura sa joue comme en une caresse ne fut certainement qu'une coïncidence, mais Azraël n'en était pas si sûr. Indis avait parfois d'étranges méthodes de lui montrer qu'elle veillait toujours sur lui.
- Egan ! s'exclama Thurisaz. Prends ceci, je n'en ai plus besoin !
Il lui tendit un petit flacon, qui contenait Foudremort. Azraël hésita un instant.
- Thurisaz, il vaudrait peut-être mieux que... Enfin, là-bas, tout le monde n'est pas forcément une victime... Si tu tombes sur l'assassin, que feras-tu ?
Le visage de Thurisaz s'assombrit, mais Azraël se ravisa avant qu'il n'ait dit quelque chose.
- Et puis, non ! Je te connais, Thur ! Tu te débrouilleras honnêtement, sans ce moyen détourné que nous combattons de toutes nos forces !
Thurisaz sourit à nouveau.
- Tu me comprends, toi, Egan. Toi aussi, tu réprouves ces méthodes !
- Si tu savais, Thur, murmura Azraël pour lui-même, le nombre de fois où le poison était pour moi ! C'est une arme de lâche, de faible, que le poison ! Ce n'est pas mon style à moi !
Alors, Thurisaz, si heureux qu'il semblait avoir rajeuni de dix ans, fit ses adieux à Méline et Azraël, pour partir vers Slar. La jeune fille se tourna vers Azraël.
- Zarth ?
- Zarth, répondit simplement Azraël en regardant le petit flacon de poison au creux de sa main.
Texte © Azraël 1996 - 2002.
Bordure et boutons Black Cat, de Silverhair
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