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Ehvalie
Ehvalie regardait d'un air désolé la jeune fille qui se trouvait chez elle, dans ses appartements, seul endroit où elle pouvait raisonnablement se trouver en sécurité. Car elle avait compris que Shering n'attenterait pas à sa vie ; elle avait lu dans ses yeux les projets qu'il avait à son sujet et, loin de s'affoler, elle envisageait avec lucidité le problème. Le plus inquiétant était en fait Elverik, car il était certainement l'assassin qui avait tué son père en réussissant à faire croire qu'il s'était étouffé en buvant un verre d'eau. De tels accidents arrivaient, peu fréquemment certes, mais suffisamment quand même pour ne pas inquiéter les éventuels enquêteurs : il arrivait que les élémentals d'eau fassent de telles plaisanteries qui se terminaient malheureusement dramatiquement pour celui qui en était la victime.
Mais Ehvalie savait que ce n'était pas un élémental qui était responsable de la mort de son père. Elle survenait trop à propos pour ne pas servir les intérêts de Shering. Elle soupçonnait fortement Elverik, car il avait tout à fait l'air de quelqu'un que tuer ne dérangeait pas. Elle n'avait que très peu de temps devant elle pour déjouer les plans de Shering et de son redoutable allié. Car Ehvalie se méfiait bien plus d'Elverik, qui lui semblait de loin le plus dangereux. En effet, elle avait envoyé un courrier au consul pour qu'il apprenne la mort de son père. Bien sûr, elle prendrait sa relève, comme de coutume ; c'était d'ailleurs la seule façon pour les femmes dans certaines contrées d'échapper à l'isolement qu'on leur imposait. Mais tant qu'un écrit du consul ne venait pas confirmer cette nomination - il pouvait fort bien trouver quelqu'un d'autre qu'il jugeait plus apte au poste -, elle restait ambassadeur par intérim.
Elle s'arracha à ses pensées et reporta son regard sur la jeune fille qui se trouvait assise devant elle. Elle fixait le mur devant elle d'un air vide, et son visage était totalement inexpressif. Comment son père avait-il pu envisager une seule seconde la présenter à Shering et l'installer au poste de gouverneur ? Face à Shering, elle n'aurait pas fait le poids et le redoutable gouverneur n'aurait fait qu'une bouchée d'elle.
Elle était petite, frêle et plutôt banale à part son visage si fixe qui surprenait. Ses cheveux blonds très fins lui descendaient jusqu'aux épaules et sur le front, tombant dans ses yeux d'un bleu très clair. Son visage fin n'avait aucun trait marquant sinon cette fixité étrange qui rappelait celle d'Elverik. Ehvalie s'étonna de comparer la fragile jeune fille à Elverik. Ils n'avaient apparemment rien en commun, si ce n'était leur air vide, et pourtant, elle lui faisait irrésistiblement penser au jeune homme immobile et impassible. En l'examinant de plus près, elle remarqua qu'il y avait quand même quelques points de ressemblance : comme Elverik, la jeune fille avait des cheveux blonds très pâles, presque platine, et des yeux bleu clair ; par contre, elle n'avait pas la maigreur du visage qui était si marquée chez Elverik.
Son père lui avait dit qu'elle s'appelait Shalinka. Elle ignorait comment il pouvait le savoir, à moins de la connaître avant qu'elle ne devienne aussi muette que Elverik. Elle s'étonna de cette comparaison ; on avait plutôt tendance à dire muette comme une pierre, mais c'était la comparaison avec Elverik qui lui venait automatiquement à l'esprit. A plusieurs reprises, Ehvalie avait tenté de communiquer avec elle, mais sans succès. Elle était encore plus amorphe que Elverik ; ce dernier, au moins, regardait son interlocuteur, alors que Shalinka ne réagissait même pas quand on lui parlait et ne semblait pas s'apercevoir que l'on s'adressait à elle.
Avec un soupir, elle sortit de la pièce et alla regarder à la fenêtre. En bas de l'hôtel où elle logeait, construit comme tous les hôtels de la contrée avec une cour intérieure généralement luxueuse, elle aperçut une silhouette qui lui était devenue familière. Elverik. Il était là, juste en bas. Elle se rejeta en arrière, frémissante. Comment avait-il pu bien la retrouver ? Elle avait changé d'hôtel juste après la mort de son père, prétextant auprès de l'escorte qu'elle ne pouvait souffrir de rester là où son père était mort.
Elle jeta de nouveau un coup d'oeil prudent par la fenêtre. Elverik était toujours là, statufié, paraissant ne pas remarquer les passants qui se retournaient sur lui, intrigués par son immobilité. Elle eut un sourire légèrement crispé, alors qu'elle s'appuyait contre le mur : l'avantage avec Elverik était qu'il ne passait guère inaperçu. Il en avait après elle, c'était obligé. Shering l'avait chargé d'une mission à son sujet et il venait pour l'accomplir. Comment pouvait-elle protéger Shalinka alors que Elverik allait certainement venir ici ?
Elle n'eut pas longtemps à se poser la question : sa porte s'ouvrit doucement, sans le moindre craquement, et Elverik entra. Leurs regards se croisèrent et Ehvalie, sentant la peur l'envahir, fit malgré elle un pas en arrière. A chaque fois qu'elle avait eu des problèmes, elle avait remarqué que les criminels avaient souvent un petit rictus de satisfaction ou un rire cynique, un éclair de joie dans les yeux. Mais le plus terrible, avec Elverik, c'était qu'il n'avait aucun de ces tics. Son visage restait froid, impassible, et pas un seul de ses traits ne bougeait.
Elle recula jusqu'à sentir le mur dans son dos et alors elle sut qu'elle ne pouvait éviter de faire face. Etrangement, Elverik n'avait toujours pas effectué le moindre mouvement dans sa direction. Il restait, là, sur le pas de la porte, presque appuyé contre le battant, à la regarder reculer. Il fit un pas, juste un seul, en avant et referma la porte derrière lui. Ehvalie se serra contre le mur, terrifiée, comme si elle craignait qu'il ne l'étrangle de ses mains étonnamment fines, mais pleines de force. La porte s'ouvrit de nouveau et Vanishad fit son entrée à son tour. Il embrassa la scène d'un seul coup d'oeil et dit :
- J'en étais sûr.
Ehvalie crut qu'elle allait hurler. Vanishad fit un pas en avant et saisit le coude d'Elverik.
- Rentre. Ce n'est pas à toi de faire cela. Moi, je suis payé pour.
Ehvalie le regarda avec des yeux pleins de haine : il lui avait fait tout un beau discours sur Elverik et les causes de son mutisme, mais il était aussi corrompu que tous les autres ! Elverik parut prêt à obéir et sortit de la pièce sans faire mine de résister. Vanishad se tourna alors vers Ehvalie, qui cracha :
- A quel jeu jouez-vous ? Qu'allez-vous essayer de me faire croire cette fois-ci ?
Vanishad ne répondit pas à sa provocation. Il tira un siège qu'il lui présenta et dit calmement :
- Asseyons-nous, voulez-vous ?
Abasourdie, Ehvalie se laissa tomber sur le siège recouvert de velours. Vanishad s'assit devant elle avec précaution, pour ne pas abîmer les beaux fauteuils de la suite avec son armure pleine de graisse et de traces de sang. Il leva son regard vert sur la jeune fille.
- Je suppose que vous êtes assez surprise de me voir ici, commença-t-il. La présence d'Elverik vous paraissait normale, mais pas la mienne.
Il n'attendit pas la réponse d'Ehvalie pour continuer. Il savait qu'il avait raison. Il la regarda attentivement.
- Vous avez peur, déclara-t-il. Non pour vous-même, mais pour quelqu'un d'autre que vous voulez protéger.
- C'est ridicule ! fit Ehvalie en essayant de rire.
Vanishad eut un sourire impertinent.
- Ne croyez pas pouvoir me mentir. Je connais le langage des gestes mieux que quiconque. N'oubliez pas que je ne comprends Elverik que de cette façon.
Il se leva et alla droit à la porte qui menait aux appartements où se trouvait Shalinka.
- Eh bien, ne vous gênez pas ! fit ironiquement Ehvalie qui retrouvait peu à peu son calme. Faites comme chez vous !
L'important était que ce n'était pas Elverik qui se trouvait en face d'elle. Face à lui, elle perdrait tous ses moyens et elle le savait. Vanishad ouvrit tranquillement la porte et entra ; Ehvalie ne put plus se contenir et bondit à sa suite.
Il s'était arrêté devant Shalinka et la regardait avec un étonnement profond. En entendant Ehvalie derrière lui, il se retourna.
- Sidérant, non ? fit-il avec une parfaite ingénuité. Passe encore qu'il y ait une personne dans cet état, mais deux ! Il faudrait la mettre face à Elverik.
- Vous n'allez quand même pas confronter cette enfant sans défense au loup qu'est Elverik ! s'exclama Ehvalie.
Vanishad la fixa avec surprise, puis secoua doucement la tête. Ehvalie se mordit la lèvre. L'entretien ne se présentait pas du tout comme elle l'avait imaginé. D'abord, elle pensait avoir affaire à Elverik et d'autre part, elle pensait surtout garder la maîtrise d'elle-même. Or, depuis le début, elle commettait erreur sur erreur. La bouche sèche, elle regarda Vanishad et lança :
- Qu'allez-vous faire d'elle ?
- Je suppose qu'il s'agit de l'héritière dont parlait votre père. Je ne sais pas ce qu'il avait dans la tête en parlant d'elle à Shering. Il n'aurait pas hésité à la tuer.
- Vous abattez vos cartes, maintenant ? ironisa Ehvalie. Votre maître - elle appuya sur ce mot avec un mépris non dissimulé - n'a pourtant jamais avoué avoir tué Shoann ou mon père.
- Je ne l'ai pas avoué non plus, rétorqua paisiblement Vanishad. Je vois mal comment je pourrais avouer quelque chose que je ne connais pas.
- Niez-vous le rôle d'Elverik ?
- Je ne sais pas ce que fait Elverik.
Ehvalie ne continua pas sur le sujet. Elle sentait bien qu'il n'avouerait jamais quoi que ce soit.
- Qu'allez-vous faire de moi ? demanda-t-elle brusquement.
Le regard vert de Vanishad se fixa pensivement sur elle.
- Rien, dit-il après un silence qui lui parut durer une éternité. Rien du tout.
Ehvalie sentit une sueur froide lui couler dans le dos.
- Comment ça, rien ? chevrota-t-elle.
Vanishad eut un petit sourire impertinent.
- Comme ça, répondit-il en quittant la pièce où se trouvait Shalinka et en allant vers la porte. Au revoir, ma dame.
Ebahie, Ehvalie regarda la porte se refermer sur la grande silhouette cuirassée du mercenaire. Elle se précipita à la fenêtre ; elle vit Vanishad sortir de l'hôtel et rejoindre Elverik qui l'attendait en bas. Le jeune homme blond fit un pas en avant pour retourner dans l'hôtel, mais Vanishad lui mit la main sur le bras et lui dit quelques mots. A regret, Elverik céda, mais, avant de partir, il leva la tête et posa son regard méditatif sur la fenêtre d'où Ehvalie était en train de le regarder. Elle se rejeta en arrière et appuya la tête contre le mur accueillant derrière elle.
Ehvalie n'était pas au bout de ses peines. Elle venait de prendre la décision de partir, de rentrer chez elle avec Shalinka, seule façon possible pour protéger la jeune fille. Mais les préparatifs prenaient du temps et elle dut rester la nuit suivant la visite d'Elverik et de Vanishad. Elle ferma soigneusement sa porte à double tour et s'installa dans la pièce qui se trouvait avant sa chambre.
Minuit était passé depuis quelque temps quand il y eut un très léger bruit au niveau de la serrure, quasi inaudible. Ehvalie n'entendit rien ; elle dormait dans un fauteuil, la tête abandonnée sur son bras, ses longs cheveux cascadant le long de ses joues. La poignée tourna très doucement et une silhouette agile, aux larges épaules, entra dans la pièce en silence. Il s'approcha de la jeune fille et la contempla de ses yeux brillant dans la nuit. Il se pencha et la souleva dans ses bras sans même la réveiller, puis ressortit de la pièce.
Ehvalie se réveilla dans la résidence de Shering. Elle se leva d'un bond en voyant le visage inexpressif d'Elverik juste en face d'elle. Shering eut un gentil sourire.
- Restez calme, ma dame. Vous ne craignez rien.
- Vous avez envoyé votre singe apprivoisé m'enlever !
- Non, fit Shering avec une nuance de regret. Il ne l'a pas fait la première fois, j'ai donc envoyé quelqu'un d'autre.
Ehvalie eut un geste de surprise devant tant de délicatesse de la part de Shering ; enfin, cela aurait pu être de la délicatesse si Elverik n'avait pas accompli sa mission par dégoût et non pas parce que Vanishad l'en avait empêché.
- Venez avec moi, ma dame, dit doucement Shering. Je vais vous mener à vos appartements.
Ehvalie sentit un sentiment de peur l'envahir ; elle voulait rester près d'Elverik, sachant inconsciemment qu'elle serait en sécurité en sa compagnie. Mais elle n'avait plus aucune volonté et elle se leva docilement pour obéir à la voix insinuante de Shering. Une partie d'elle s'étonna de cette faiblesse et comprit qu'elle avait été droguée.
Shering souleva une somptueuse tenture et l'invita d'un geste à le suivre. Sans protester, elle le fit, après un regard de regret lancé à Elverik. Elle monta un escalier assez sombre, éclairé faiblement par des flambeaux fixés au mur, très élégants, et les murs étaient recouverts de très belles tapisseries de grandes dimensions, faites à la main. Un instinct la fit paniquer et elle se retourna, commençant à redescendre l'escalier. Shering la retint par le coude et elle se fit en elle-même la réflexion qu'il était d'une grande douceur avec elle. Il l'attira vers lui et la fit remonter les marches qu'elle venait de descendre. Il l'entoura de son bras et lui murmura des gentillesses pour la rassurer. Calmée, elle le suivit, se blottissant presque dans ses bras. Il ouvrit la petite porte au bout de l'escalier et la fit passer par une série de couloirs, tous décorés avec autant de goût que l'escalier. Enfin, il la mena dans un gigantesque appartement, très féminin, infiniment élégant et bien éclairé.
- Vous voilà chez vous, ma dame, dit Shering avec cette douceur étrange qu'elle ne lui connaissait pas. Restez ici tant qu'il vous plaira, je veillerai personnellement à ce qu'il ne vous arrive rien et que vous disposiez de tout ce que vous voudrez.
Dans un long frémissement, Ehvalie s'abandonna contre Shering, sa tête au creux de son épaule. Inconsciemment, au fond d'elle-même, quelque chose hurla, mais son esprit engourdi ne l'entendait pas. Les bras puissants de Shering l'entourèrent et elle poussa un soupir de contentement. Elle leva le visage vers le jeune homme qui se pencha pour l'embrasser. Elle ne se débattit pas, mais se serra au contraire plus étroitement contre Shering. Quelques instants plus tard, elle fermait les yeux, vaincue par la drogue qu'elle avait absorbée sans le savoir. Shering la déposa sur le lit et sortit silencieusement de la pièce, redescendant dans la grande salle où se trouvait toujours Elverik.
- Elle dort dans l'uraïlée, dit-il avec satisfaction.
Elverik ne répondit rien, selon son habitude. Il se contenta de suivre le jeune homme jusqu'à la porte de sa chambre où il le laissa, comme tous les soirs depuis déjà un certain nombre d'années.
La nuit s'avança et ce fut vers les quatre heures du matin qu'une mince silhouette se glissa dans la grande salle et souleva la tenture. Un pas très léger gravit l'escalier, sans même faire craquer les marches servant à repérer les intrus. La silhouette avançait avec une aisance remarquable, sans lumière et sans se cogner. Elle entra dans la chambre où dormait Ehvalie, que Hélérinna avait recouverte d'une couverture. La jeune fille se réveilla brusquement en sentant une main s'abattre sur sa bouche ; elle voulut se débattre, puis reconnut les yeux de son agresseur. Elle se calma aussitôt et la pression de la main sur sa bouche se relâcha.
- Elverik ! chuchota-t-elle. Que faites-vous là ?
A sa grande surprise, le jeune homme ne ressemblait plus du tout à l'automate que semblait commander Shering. Il posa un doigt sur ses lèvres en la regardant d'un air interrogateur et elle acquiesça d'un signe de tête. La main d'Elverik retomba et Ehvalie regarda autour d'elle. Le décor inconnu la surprit plus encore que la présence d'Elverik et ces deux faits qu'elle relia aussitôt, l'éclairèrent sur l'endroit où elle se trouvait.
- L'uraïlée de Shering ? dit-elle à voix basse.
Elverik ne répondit pas ; il lui fit signe de se lever. Elle obéit, prenant conscience d'un goût étrange sur ses lèvres, et les instants suivant son arrivée à la résidence lui revinrent brutalement à la mémoire, la faisant rougir de honte. Elverik l'entraîna vers l'escalier et elle se souvint alors de tout ce qu'il risquait en venant la chercher dans l'uraïlée. Devant l'escalier, le jeune homme eut une légère hésitation et tourna vers Ehvalie son regard bleu glacier. Il sembla la jauger, puis prit sa décision : il l'enleva soudainement dans ses bras et descendit les marches avec autant d'aisance que lorsqu'il les avait montées. Ehvalie n'avait pas bronché ; elle comprenait ce qu'il faisait et elle se fiait entièrement à lui. Dans un coin de son esprit, une voix lui souffla qu'il avait déjà tué, et même qu'il avait tué son père, mais elle la fit taire. En arrivant dans la grande salle, une silhouette s'avança à la rencontre d'Elverik. Ehvalie retint un cri : Shering avait tout découvert et prenait Elverik sur le fait ! Mais ce n'était pas Shering et elle reconnut la silhouette géante de Vanishad.
- Bravo, Elverik, chuchota-t-il d'un ton approbateur.
Le mince jeune homme laissa glisser Ehvalie à terre et la jeune fille s'éloigna de lui à regret. Maintenant que les effets de la drogue s'estompaient, elle retrouvait ses esprits et elle se souvenait de ce qu'elle avait pensé d'Elverik quand Shering avait dévoilé l'entrée derrière la tenture. Vanishad l'entraîna par la main à sa suite, tandis que Elverik disparaissait dans les ombres.
- Vous l'avez laissé prendre tous les risques ! l'accusa Ehvalie, haletante. Vous savez que c'est interdit à un homme d'entrer dans l'uraïlée d'un autre !
- Je sais, mais Elverik avait raison. Si Shering l'apprend, il ne fera rien à Elverik, qui lui est indispensable ; alors que si ç'avait été moi, il m'aurait éliminé sans état d'âme. Des mercenaires comme moi, on en rencontre dix à tous les coins de rue.
Il la laissa à une petite porte, la retenant pour lui dire une dernière chose avant qu'elle ne parte.
- Rentrez tout de suite chez vous, dit-il. Pas à l'hôtel, dans votre contrée. Il vous reste un peu plus de trois heures pour prendre de l'avance sur Shering.
- Ç'aurait l'air d'être une fuite ! cracha Ehvalie.
- Vous voulez donc réduire à néant tous les risques qu'a pris Elverik pour vous sauver ? répondit Vanishad sur un ton volontairement brutal. Il a failli encourir la disgrâce hier après-midi et je ne donne pas cher de sa peau si Shering découvre ce qu'il vient de faire.
Ses yeux verts la fixaient sans aucune douceur et elle sentit sa volonté faiblir devant sa violence. Elle baissa la tête et partit sans ajouter un mot. Une fois de retour à son hôtel, elle réveilla Shalinka et toutes deux prirent aussitôt le chemin du retour.
Texte © Azraël 1998 - 2002.
Bordure et boutons Rococco Nights, de Moyra/Mystic PC 1998.
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