L'homme-lézard

Iridium : Orben

   Le chemin continua en silence, jusqu'au moment où Olyana eut un cri de joie :
    - Iridium !
   Elle tendait le doigts vers de haut murs qui scintillaient de blancheur dans le soleil. Pillan ne fit aucune remarque, gardant sa réserve de zarval, mais Meztli s'étonna :
    - Les murs d'Iridium sont-ils donc si proches des murs d'Iriss Zaiv ?
    - Nous ne sommes pas si proches que cela, Lipochtli, répondit Olyana. Les murs d'Iridium sont très hauts et c'est pourquoi nous les apercevons d'ici.
    - Mais les zarvals d'Iriss Zaiv ont dû aussi voir les murs d'Iridium et peut-être essayer d'attaquer ta ville.
    - Non, jamais ! fit Olyana avec chaleur. Iridium n'est pas une ville, c'est un royaume. Les murs que tu vois sont ceux de la capitale, qui est la ville la plus proche des territoires zarvals. Mais derrière Iridia s'étend un royaume vaste et puissant, que personne n'oserait attaquer.
   Meztli ne sembla guère convaincue et attira l'attention de Pillan.
    - Tu m'as dit, ou fait comprendre, que les zarvals étaient les combattants les plus courageux. Pourquoi n'ont-ils pas attaqué Iridium ?
   Pillan resta longtemps silencieux avant de répondre à la question de la petite jeune fille brune.
    - Nous sommes un peuple courageux, dit-il enfin, mais nous aimons nous faire la guerre entre nous. De plus, pour nous, les humains sont une race inférieure, indigne même de notre intérêt. Nous les méprisons trop pour même les attaquer. Un hydragui tente-t-il de tuer les gators ?
   Les gators étaient de petits animaux de compagnie, à la fourrure d'un brun très foncé et aux yeux si grands, d'un bleu étrange, qu'on ne voyait qu'eux dans leur petite face triangulaire. Ils n'étaient pas très courageux et plutôt chapardeurs, mais leur regard était si attendrissant que les zarvals les avaient adoptés.
    - Alors Olyana d'Iridium est de la race inférieure ? demanda Meztli, que cela semblait amuser.
    - Pour la plupart des zarvals, oui. Pour des gens comme Lhe Mandha, les femmes humaines sont des créatures à protéger, car fragiles et sans défense. Lhe Mandha et ceux qui lui ressemblent pensent que les femmes humaines ont été créées par les dieux pour que des zarvals montrent leur courage et la beauté de leur âme en les défendant contre ceux qui voudraient les oppresser.
    - Et les hommes ?
    - Les hommes ne sont que des zarvals déficients génétiquement et c'est pour cela qu'ils doivent être méprisés comme la race inférieure qu'ils sont.
    - Et toi, Pillan Camaxtli, comment connais-tu tout cela ?
    - Au début du voyage, Meztli, tu m'as vu revêtir cette armure, ces nouveaux cuirs et ce casque. Je ne suis pas, comme le croyait Catequil, un homme brun venu d'une autre cité. Je suis de Kal Homel, comme Elizan, et je suis un de ces zarvals déficients génétiquement.
    - Mais Elizan ne te considère pas comme un inférieur ! protesta Meztli, apparemment pas autrement surprise par ces révélations, comme si elle avait tout compris depuis longtemps.
    - Parce que Elizan m'a vu combattre dans l'arène et qu'il savait que sous le casque se cachait un visage d'homme ; il m'a vu vaincre des zarvals et donc, il m'estime à ma... juste valeur. Les autres ne me connaissent pas.
   Olyana s'approcha et mit sa main sur le bras de Pillan.
    - Pour moi, tu n'es pas un zarval déficient, Keezan, dit-elle à voix basse. Et je crois que Catequil a raison en pensant que tu es un homme brun qui vient d'une autre cité.
    - Ne m'appelle pas Keezan, Olyana d'Iridium, fit Pillan d'une voix sourde en se dégageant. Keezan est mort en luttant contre les gardes de Catequil.
   Olyana laissa retomber sa main et détourna la tête, comme blessée. Pillan, comme pour cacher une quelconque tristesse, puisque les zarvals ne devaient pas montrer leurs sentiments, fit prendre quelque avance à son itixtl. La douce voix de Meztli le tira de ses pensées :
    - Elle t'aime, Pillan. Le fière princesse Olyana d'Iridium t'aime.
    - Non, Lipochtli, non, elle ne m'aime pas. Elle est promise ailleurs et je ne lui suis utile que pour rejoindre son pays... et son promis.
    - Pauvre Pillan ! murmura-t-elle doucement.
   Sous le casque en forme de tête de zarval, Pillan eut un sourire amer. L'avantage de ce casque était qu'il l'aidait à cacher ses émotions, mais parfois, sa voix ou ses gestes le trahissaient.

   Ils arrivèrent vite au pied des murailles d'Iridia et Olyana demanda à Pillan d'enlever son casque qui lui donnait l'air d'un zarval.
    - Pourquoi, Olyana d'Iridium ? Est-ce pour montrer aux tiens que les zarvals ne sont que d'affreux monstres et que tu as honte d'avoir été sauvée par l'un d'entre eux ? Est-ce pour cela que tu voulais que je te sauve et non Gor Kee ?
    - Non, Pillan. Mais tu n'es pas vraiment un zarval. Tu ressembles plus à un des hommes bruns de Viliometolc.
    - Je ne laisserai pas croire ceux de ton peuple qu'un homme brun et sa compagne t'ont arrachée aux zarvals de Kal Homel. Des zarvals t'ont délivrée, un zarval t'accompagnera jusqu'au bout.
   Ne voulant pas irriter son compagnon plus qu'il ne l'était déjà, Olyana renonça à son idée et se présenta la première aux portes d'Iridia. Les gardes la reconnurent instantanément, mais hésitèrent plus quant à son escorte. La jeune fille, d'un ton presque hautain, leur ordonna de les laisser passer. Elle se rendit directement en direction du palais, qui dominait la ville entière et qui se trouvait au centre même des constructions. Mais déjà la rumeur de son retour se répandait comme une traînée de poudre et l'on murmura qu'un zarval l'accompagnait, ainsi qu'une jeune fille qui n'était pas de la même race qu'eux.
   Un homme sortit du palais presque en courant et serra Olyana dans ses bras avant même qu'elle ait touché terre.
    - Les dieux soient loués ! s'exclama-t-il avec ferveur. Tu es saine et sauve !
   Sur son itixtl, Pillan était heureux que le casque cache son visage et l'expression de dégoût qu'il devait arborer devant ce qu'il considérait comme une débauche de sentiments. Une simple pression de la main sur l'épaule d'Olyana et un regard auraient dû suffire. Inutile de remercier les dieux pour quelque chose d'aussi futile !
   L'homme regarda les compagnons étranges d'Olyana. Pillan devina que l'homme en question devait être le père de la jeune fille.
    - Qui sont-ils, Olyana ? demanda-t-il avec curiosité.
    - Voici... Li... Me... oh ! je ne sais même plus comment vous appeler ! s'exclama soudain Olyana.
   Pillan prit la parole :
    - Voici Meztli de Viliometolc et je suis Pillan Camaxtli de Kal Homel.
   Le père d'Olyana le regarda un instant, intrigué par ce casque qui semblait si vivant.
    - Pillan Camaxtli n'est pas un nom de zarval. Cela ressemble plutôt à un nom de Viliometolc.
    - Je gagne des nouveaux noms à chaque endroit où je vais, répondit calmement Pillan. En général, je garde le dernier en date.
   Le père d'Olyana sourit.
    - Je suis Olven, Quanyw d'Iridium, père d'Olyana, princesse d'Iridium. Merci à vous d'avoir ramené ma fille unique.
   Pillan s'inclina assez raidement pour recevoir le compliment. Olven plissa un peu les yeux et ajouta :
    - Comptes-tu sur moi pour relâcher les esclaves zarvals présents à Iridia en échange de ma fille ?
    - Non. Si je veux récupérer les esclaves zarvals, je déclarerai la guerre à Iridia, répondit Pillan tranquillement et Olyana aurait juré que son visage, si elle avait pu le voir, n'aurait pas frémi en faisant une telle annonce. S'ils ont été assez stupides pour se laisser capturer par des hommes dorés, alors ils méritent de rester esclaves.
   Olven parut stupéfait par cette réaction.
    - C'est... inhumain ! Tu ne montres aucune compassion envers tes semblables !
    - Non, naturellement. Nous ne sommes pas pour rien le peuple le plus courageux d'Erikra. Le sentimentalisme ne fait pas avancer les choses.
    - Pourtant, n'est-ce pas un acte de sentimentalisme que d'avoir ramené ma fille ici ?
    - Non. Les zarvals demandent simplement qu'on les laisse entre eux. Les humains ne font qu'attiser les haines et les convoitises. Les humains sont trop fragiles pour supporter ce que supportent les zarvals.
   Olven l'observa minutieusement puis déclara soudain :
    - Mais tu n'es pas un pur zarval toi-même, Pillan Camaxtli.
   Le jeune homme baissa les yeux sur ses mains et s'aperçut qu'il avait oublié de mettre les gants qui lui donnaient les mains de zarval. Il haussa les épaules.
    - Simple déficience génétique.
   Depuis le premier jour où il lui avait annoncé cela, Olyana trouva qu'il avait gagné de l'aisance pour le dire sans gêne. Le père de la jeune fille eut un sourire aigu.
    - Je sais ce que cela signifie chez les zarvals. Généralement, les déficiences génétiques ne se réduisent pas aux mains. Je gage que ton visage est aussi lisse que celui de ta compagne Meztli.
   Pillan secoua la tête.
    - Certaines déficiences se contentent des mains.
   Meztli ajouta, de son propre chef, comme si elle était soucieuse d'éviter une quelconque honte à Pillan :
    - Je ne suis pas sa compagne, je suis son esclave.
   Olven haussa les sourcils.
    - Esclave ? murmura-t-il. Après tout, les hommes dorés ont des zarvals pour esclaves, pourquoi les zarvals n'auraient-ils pas des hommes bruns pour esclaves ?
   Pillan avait froncé les sourcils, mais ne reprocha rien à Meztli.
   Olven les fit entrer dans le palais et bientôt, un jeune homme arriva au pas de course. Olven le présenta comme Djorken, le fiancé d'Olyana. Djorken fut débordant de remerciements, tant et si bien que Pillan finit par s'en sentir malade. Tant de démonstrations étaient mal placées, mais, presque à son grand regret, il ne put rien reprocher de plus au jeune homme. Grand, mince, mais athlétique, Djorken avait un visage ouvert et souriant, et il aimait visiblement énormément Olyana.
   Meztli et Pillan furent naturellement invités à rester aussi longtemps qu'ils le souhaitaient. Meztli insista pour être logée auprès de Pillan, puisqu'elle disait elle-même être son esclave. Le premier soir, Pillan sortit de sa chambre à une heure tardive, pour trouver Meztli endormie devant le pas de sa porte. Il resta calme et la souleva doucement de terre pour aller l'allonger sur le lit de la chambre qu'il venait juste de quitter. Puis il ressortit pour aller sur les terrasses, comme il l'avait prévu initialement.
   Il n'alla pas aussi loin qu'il l'avait prévu : Olyana et Djorken étaient encore debout aussi, main dans la main, appuyés sur la rambarde et ils discutaient à voix basse.
    - Qui est ce Pillan Camaxtli ? demandait Djorken, dont les paroles parvenaient à l'oreille exercée de l'intéressé.
    - C'est celui qui m'a sauvée, répondit simplement Olyana. Il s'est battu pour moi, plus d'une fois, risquant sa vie sans jamais demander quoi que ce soit en récompense.
    - Et tu n'as aucune raison de le suspecter de trahison, n'est-ce pas ?
    - Non, bien sûr que non ! Je confierais ma vie à Pillan sans la moindre hésitation !
   Djorken regarda longuement Olyana, puis soupira.
    - Je suppose qu'il le mérite.
   Ne voulant pas être davantage indiscret, Pillan s'éloigna silencieusement. Il retourna dans sa chambre, s'assit à côté de son lit où dormait Meztli et caressa doucement les cheveux bruns nattés, songeur.
   Il se passa quelques jours et Pillan devint de plus en plus nerveux. Meztli le suivait presque comme son ombre. Djorken se montrait aimable avec lui, mais il était visible qu'il brûlait de lui poser des questions. Ce jour-là, Olyana était dans sa chambre et elle s'avisa soudain que son esclave était une zarvale.
    - Selee Anjy, demanda-t-elle soudain à brûle-pourpoint, de quelle ville viens-tu ?
   La jolie zarvale se tourna vers sa maîtresse.
    - J'ai été capturée à Iriss Zaiv, maîtresse, mais je suis née à Kal Homel.
   Olyana la regarda pensivement.
    - Est-ce que les zarvals connaissent la signification de l'appellation "ma princesse" ?
    - Bien sûr, maîtresse.
    - Pourtant, j'ai rencontré un zarval qui l'ignorait !
    - Ah ! Il existe en effet une personne à qui l'on n'apprend pas cette terminaison : c'est le fils du Quanyw, ou même d'un simple Quan. Tous les zarvals le savent et ils ne peuvent donc pas confondre l'appellation de respect utilisée par les zarvals avec celle que les humains connaissent. Il y a visiblement eu plusieurs malentendus dans le passé et c'est pour cela que l'héritier quanyw ne connaît pas le terme.
    - Celui qui l'ignorait n'était pas héritier quanyw, persista Olyana. Il faisait partie de ses serviteurs.
    - Comment s'appelait-il, maîtresse ?
    - Keezan.
   Selee Anjy resta un moment silencieuse, puis eut un curieux sourire.
    - Est-ce le guerrier zarval qui t'a sauvée et raccompagnée jusqu'ici ?
    - Oui.
    - Alors j'aimerais le voir. Il pourrait peut-être me donner des nouvelles de ma famille.
   Aussitôt, Olyana envoya chercher Pillan, qui demanda à Meztli de rester dans les pièces qui leur avaient été attribuées. Il avait pris la précaution de mettre ses gants, qui donnaient l'impression que ses mains étaient des mains de zarval. Dès qu'il entra dans la pièce où se tenaient Olyana et Selee Anjy, il se raidit légèrement, mais il aurait fallu un regard perçant et attentif de zarval pour le voir.
    - Salut à toi, Olyana d'Iridium, dit-il poliment.
   Puis il se tourna vers la jeune zarvale.
    - Salut à toi, Selee Anjy.
    - Salut à toi, Pillan Camaxtli, répondit-elle, sachant comme tout le monde quel était le nom que le jeune homme se faisait donner.
    - Vous vous connaissez donc ! s'exclama Olyana.
    - Naturellement, Olyana d'Iridium, fit Pillan. Selee Anjy a disparu de Kal Homel depuis dix ans, mais je me souviens d'elle. Elle fréquentait le palais de Rhak Deor, comme moi.
    - A ce propos, Pillan, commença négligemment Olyana, Selee Anjy vient de me dire que seul l'héritier quanyw ne connaissait pas le terme "ma princesse" dans le sens où nous l'utilisons.
   Les regards de Pillan et de Selee Anjy s'accrochèrent.
    - Ce n'est pas tout à fait exact, Olyana d'Iridium. Les serviteurs personnels de l'héritier quanyw restent dans l'ignorance également, pour ne pas perturber l'héritier. J'en ai discuté avec Elizan et Elya Jumy un soir où tu dormais et ils m'en ont dit les raisons.
    - Elya Jumy ! Elle était donc avec toi ? s'écria Selee Anjy.
    - Oui. Elle est restée à Viliometolc avec Elizan.
   Selee Anjy parut ravie et la conversation continua, Olyana les observant de très près, comme si elle cherchait à percer un secret.

   Meztli était restée dans la chambre ; depuis qu'elle était à Iridia, elle avait dû donner son harnachement d'homme avec les armes, car Olven considérait cela offensant. Pillan avait argué jusqu'au bout et avait réussi à conserver ses armes, car il ne se sentait pas vraiment à l'aise sans elles. Mais pour apaiser leur hôte, qui estimait que Iridia était une ville sûre et que personne ne porterait atteinte à ses invités, il avait demandé à Meztli d'abandonner les siennes.
   Elle était en train de nettoyer le harnachement de Viliometolc que Pillan portait lorsqu'il y était quand la porte s'ouvrit. La seule personne à entrer sans frapper étant Pillan, Meztli ne leva pas la tête de son ouvrage.
    - Alors la petite esclave est sans son maître, aujourd'hui ? fit une voix railleuse.
   Meztli se dressa d'un bond pour se trouver devant le frère d'Olyana, Orben. Meztli n'aimait pas Orben ; depuis qu'ils étaient à Iridia, elle l'avait senti rôder autour d'elle, mais Pillan avait toujours été présent auparavant. Orben s'avança vers Meztli.
    - Tu as besoin d'un zarval pour te sentir heureuse ? Viens avec moi, tu verras qu'un homme doré peut te rendre bien plus heureuse encore !
    - Non ! fit Meztli d'une voix étranglée, en secouant la tête.
    - Je te veux ! Tu seras à moi !
    - Non ! répéta Meztli. Je suis à lui ! Si tu me veux, va me demander à lui !
    - Et si jamais il acceptait de te donner à moi ?
    - Alors je te tuerais ou je me tuerais. Mais il ne ferait jamais cela !
   Orben ne répondit rien, mais continua à avancer vers elle. Désarmée, Meztli recula, le regard pareil à celui d'une bête traquée. Ses épaules ployèrent quand Orben abattit ses mains sur elle.
    - Tu seras à moi ! gronda-t-il.
    - Je lui appartiens ! sanglota presque Meztli, tentant de se débattre.
   Orben n'entendit pas la porte s'ouvrir, mais Meztli vit bien Pillan bondir vers le jeune homme doré. Il ne prit même pas le temps de dégainer et lança son poing dans la mâchoire d'Orben. Celui-ci se retrouva au sol sans avoir compris comment. Il se releva, l'air mauvais.
    - Tu veux te battre pour une esclave ? demanda-t-il entre ses dents serrées.
    - Oui, répondit tranquillement Pillan en ôtant ses gants d'écailles.
   Par la même occasion, il enleva son casque et montra son visage à l'air libre. Orben étouffa un hoquet de surprise.
    - Tu es de la race de ton esclave !
    - Non, fit Pillan, je suis un zarval. Viens te battre, tu pourras le vérifier par toi-même.
   Orben gronda et bondit sur Pillan, mais celui-ci l'évita sans peine et le renvoya au sol. Orben n'était pas un mauvais combattant, mais il n'avait été entraîné ni par Zal Hyrda, ni par Uyitzin, et donc, il n'avait aucune chance de tenir contre Pillan. Finalement, furieux, il quitta la pièce, marmonnant des menaces entre ses dents.
   Pillan se tourna aussitôt vers Meztli qui n'avait pas bougé de place, ses yeux grands ouverts. Il fit deux pas vers elle et l'entoura de ses bras. Elle se blottit contre lui, tandis qu'il caressait ses cheveux.
    - Chut, Lipochtli..., murmura-t-il.
   Meztli savait qu'il ne l'appelait pas Lipochtli comme il l'avait fait au début, croyant que c'était son véritable prénom ; il utilisait simplement le mot de Viliometolc pour dire "petite fille". Il la berça quasiment contre lui, puis reprit :
    - Je suis désolé. Pour faire plaisir à Olven d'Iridium, j'ai mis ta sécurité en danger. Cela ne se reproduira plus, je te le promets. Je vais te redonner tes armes et si Olven n'est pas content, il aura affaire à moi ! Mais que cela ne t'empêche pas de m'appeler à l'aide ! Pourquoi n'as-tu pas crié ?
    - Une esclave n'appelle pas son maître au secours, répondit doucement Meztli. Mais elle meurt avec joie si elle peut le protéger.
   Pillan lui releva le menton vers lui.
    - Petite fille, tu dis des bêtises, fit-il gentiment. Je peux t'assurer que je t'en voudrais beaucoup si tu t'avisais de mourir pour moi. Une femme brune ne meurt pas pour un zarval. C'est le contraire.
   Meztli eut un léger sourire.
    - Tu ne m'as jamais dit que tu partageais l'opinion de Lhe Mandha de Kal Homel à ce sujet, Pillan.
   Pillan sourit à son tour.
    - Je croyais pourtant que c'était évident.

Texte © Azraël 1999 - 2002.
Bordure et boutons Taurus, de Moyra/Mystic PC 1998.

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