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Prologue
Ukkraq, dont peu de gens connaissaient le vrai nom, était un aventurier fort connu, que personne n'avait encore vaincu. Comme il ne cessait de voyager, il s'était acquis le nom d'Errant. Une partie des dieux, que l'on nommait les dieux du bien, regarda le mortel dont le nom retentissait sur Solaris, aima ce qu'il faisait et décida de l'élever au-dessus des autres.
Illustra, la grande déesse, qui régnait sur ces dieux, prit la parole :
- Comme vous le savez tous, Erza utilise à outrance son sceptre. Nous avons tous décidé de le lui enlever. Seulement, notre adversaire refusera de nous le donner sans exiger de contrepartie. Il nous faut donc nous en emparer par la force. Mais nous sommes dans l'impossibilité de faire appel à Varaxador ou Brynhild, dieux du combat, puisqu'ils ont choisi la neutralité. Nous devons donc introduire un étranger.
Les réactions furent très diverses.
- Mais à quel dieu étranger pouvons-nous confier cette mission ? demanda Shuqra, la déesse de la sagesse.
- Faire confiance à un inconnu est impensable ! s'exclama Sirius, le dieu-elfe des bois, des forêts et de la chasse.
Sorcerak, le grand maître de la flamme, intervint de sa voix grave :
- Je pense que Illustra faisait allusion à quelqu'un dont vous-mêmes avez tous entendu parler, c'est-à-dire l'Errant.
Sous la révélation, même Chronada, la déesse du temps, remit les pieds sur terre.
- Un mortel ? fit-elle, incrédule.
Illustra se leva, très droite dans sa longue robe bleu pâle.
- Ukkraq est un homme pieux, dont l'honnêteté et le courage ne sont plus à prouver. Sa parole est sacrée et il ne reculera devant rien pour la respecter. Nous le savons tous, tant nous l'avons observé. Personne ne peut dire le contraire.
Les dieux n'osèrent plus rien dire ; Illustra se tourna vers Sorcerak.
- Va, Sorcerak, et investis Ukkraq de sa mission.
Le jeune dieu s'inclina et partit. En plus d'être dieu du feu et prêtre d'Illustra, il était également messager des dieux.
Ukkraq, pour une fois, n'était pas par monts et par vaux, mais résidait près d'un petit village, à l'écart, dans une maison qu'il avait lui-même bâtie, où il élevait son jeune fils dont la mère était morte. Il coupait du bois, son fils près de lui, quand il vit soudain apparaître devant lui un grand jeune homme mince et solide, avec un phénix au port royal sur l'épaule. Pris de crainte, il envoya l'enfant à l'intérieur et prit une attitude de défi.
- Que me veux-tu, Sorcerak ? En quoi ai-je offensé les dieux ?
- En rien. Les dieux sont satisfaits de toi.
Il prit familièrement Ukkraq par le bras et fit quelques pas en sa compagnie.
- Vois-tu, nous avons besoin de toi.
Les yeux du jeune homme eurent un éclat amusé. Sorcerak s'en aperçut et reprit :
- Je ne plaisante pas, Ukkraq. En fait, tu es même notre seul espoir.
Le regard ambre du dieu croisa le regard vert du mortel. Ce dernier n'avait aucune vanité et ne se rengorgea pas à cette phrase.
- Je suis un homme, dit-il, et avant tout, je me dois à mes semblables.
- Si tu refuses de nous aider, plus personne n'aura jamais besoin d'aide.
- La disparition de l'humanité ?
Ukkraq passa une main tremblante dans ses cheveux d'un blond-châtain cuivré.
- C'est plus que je n'en puis supporter. Qu'attends-tu de moi ? Je jure...
- Ne t'engage pas trop vite. Erza, côté noir de la mort, comme tu le sais certainement, abuse actuellement du trop fameux Sceptre de la Nuit.
L'Errant hocha la tête.
- Oui, ses hordes de fantômes envahissent peu à peu Solaris.
- Je te propose un marché, à notre avantage malheureusement : tu nous ramènes le Sceptre et nous détruisons les fantômes. Mais tu risques ta vie...
- Et mon fils ? demanda aussitôt Ukkraq. Peu m'importe de mourir, mais lui...
- Confie-le à quelqu'un de confiance et nous nous chargerons de l'éduquer pendant ton absence, Shuqra et moi. Bien entendu, les autres dieux apporteront également leur contribution, de façon à ce qu'il devienne un homme dont tu pourras être fier. Son existence sera cachée à Erza et ses émissaires.
Ukkraq hocha la tête de nouveau.
- Je serai fier de lui. Et je ferai en sorte qu'il puisse être fier de son père. Dis-moi où je pourrai trouver Erza et je pars sur-le-champ.
- Apprends d'abord que l'épée que tu portes, qui t'a été offerte par ta femme, a été à l'origine forgée par Chyraz, dieu de la création, à ton intention. Seul son propriétaire peut la tenir, ainsi que les dieux ou les personnes emplies d'énergie magique. Ensuite, sache que nous t'aiderons au maximum le long de ton périple.
Ukkraq posa la main sur le pommeau orné d'une énorme gemme bleue, écoutant Sorcerak avec un air grave.
- Je suis prêt, dit-il.
- C'est bien, répondit Sorcerak, tout aussi grave.
Et il disparut.
Texte © Azraël 1998 - 2002.
Bordure et boutons Hummingbird Dreams, de Silverhair, inspiré par un dessin d'Amy Brown
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