Les tourbillons noirs

   Méline était dans la salle du trône, entourée comme d'habitude de tous les courtisans. Derrière elle se tenaient Santig-du et Julianne, très droits. Un messager essoufflé entra soudain et, sans se préoccuper des mines scandalisées des courtisans, chuchota quelques mots à Méline, lui annonçant l'arrivée de la légion de Jakez. Le chef allait lui-même venir faire son rapport.
   Méline avait une préférence pour la légion de Jakez, où se trouvaient aussi Mériel, Rapace et Cystis. Si elle se réjouissait de leur retour, elle s'inquiétait du fait que Jakez ait jugé nécessaire de la faire prévenir, surtout par un messager qui visiblement n'avait pris aucun repos pour accomplir sa mission.
   Jakez ne tarda guère. Il entra dans la salle du trône, l'air profondément bouleversé. Il avança en chancelant vers le trône.
    - Ma dame, balbutia-t-il, c'est horrible...
   Méline le fixa d'un air interrogateur. Il avala sa salive.
    - Je reviens du sud. Les villes disparaissent par magie... Un gigantesque tourbillon noir s'abat sur elles et les avale ; quand il s'en va, il ne reste plus rien. J'ai failli être aspiré dans le dernier que j'ai vu. C'est affreux, ma dame. J'ai vu disparaître des milliers de gens ainsi...
   Il se mit à sangloter comme un enfant. Méline le regarda d'un air apitoyé. Jakez n'était pas un homme impressionnable ; il était l'un des meilleurs chefs de légions et il avait les pieds solidement ancrés sur terre. Mais là, le visage noirci par une sorte de fumée, ses pauvres yeux de déshérité brillaient d'horreur et les larmes qui en coulaient noyaient son regard de désespoir.
   D'un mouvement fluide, elle se leva de son trône et le prit dans ses bras sans rien dire. Jakez s'accrocha à elle avec un sanglot étouffé et se mit à pleurer sans plus de retenue. Il n'y avait plus de souveraine, il n'y avait plus qu'une mère dont les enfants étaient son peuple. Doucement, elle berça Jakez contre elle.
    - Nous lutterons, Jakez, je vous le promets. Slar se fera le bastion de la liberté. Nous essaierons de retrouver ces pauvres gens et nous leur donnerons une nouvelle existence.
   Et par-dessus l'épaule de Jakez, ses yeux vert clair, agrandis par l'horreur et la tristesse, fixaient le sol de leur regard sec. Un nouveau messager vint lui chuchoter quelques mots à l'oreille. Sans cesser de serrer Jakez contre elle, elle annonça :
    - Amis, une attaque d'un nouveau genre commence ; après les offensives d'Ordreth qui ne visaient que les elfes, voici les tourbillons noirs qui rayent les villes des cartes. Toute la région sud de Slar a disparu, balayée de la surface de la planète.
   Jakez eut un nouveau sanglot.
    - Et je n'ai rien pu faire ! cria-t-il, désespéré. J'étais là, j'entendais leurs cris, et je ne pouvais rien faire !
   Sans rien dire, Méline resserra son étreinte autour de ses épaules. Son regard rencontra celui d'Azraël qui venait de quitter l'entraînement des chevaliers de la guerre devant la précipitation de Jakez. Elle acquiesça de la tête, manoeuvra de façon à placer Jakez devant le trône et murmura doucement :
    - Silik !
   Le chef de légion s'endormit instantanément. Tout le monde quitta la salle du trône, sauf Azraël.
    - Que peux-tu bien faire ? demanda Méline.
    - Tout ce que tu m'ordonneras, répondit tranquillement Azraël.
    - Je ne peux pas décider à ta place. C'est ta vie.
    - Eh bien ! Je te la donne.
   Le regard sombre d'Azraël était vide de toute ironie.
    - Tu ne peux pas faire cela ! protesta Méline.
    - Mais si, puisque c'est ma vie. Uses-en à ta guise.
    - Fais quelque chose contre ces tourbillons !
    - Je vais voir. Mais je crains que mes cimeterres ne soient pas d'une grande efficacité contre cela. Je préférerais de beaucoup que Simon se hâte de revenir de sa quête. Le monde retrouvera son équilibre quand Sorcerak reprendra sa place au milieu des autres dieux.
    - Va, mon champion, mon chevalier invincible ! murmura Méline, la gorge nouée.
   Azraël eut un sourire ironique, salua vaguement et sortit de la salle en claquant la porte derrière lui. Il se demanda ce qu'il pourrait bien faire contre cette horreur noire qui s'abattait sur la région. Dans le couloir, il y avait Rapace, Mériel, Cystis et Zarth. Les trois premiers avaient dans les yeux la même horreur que Jakez, mais la supportaient visiblement mieux.
    - Que vas-tu faire, Azraël ? demanda simplement Rapace.
    - Je ne sais pas.
   Il regretta que Crotale ne soit pas là : le grand elfe, de sa voix rauque, lui aurait lancé une remarque qui lui aurait vite fait trouver une idée. Il soupira et partit à grands pas rageurs du palais. Là, juste devant l'entrée se tenait Furnerius, un regard interrogateur dans ses grands yeux intelligent. Azraël eut un rapide sourire, puis se détendit brusquement et éclata de rire.
    - Mais oui, grosse bête ! fit-il affectueusement. Nous repartons sur les routes, et pour un bon moment, j'en ai l'impression.
   Il regarda dans ses fontes l'état de ses rations, fronça les sourcils et passa à la cuisine faire une razzia. Etrangement, Azraël était bien aimé à la cuisine. Maîtresse Sharda, qui régnait en despote incontesté sur ce territoire, s'était prise d'affection pour le jeune homme et il avait ses entrées à toute heure de la journée. Dès qu'elle sut qu'il partait en mission pour une durée indéterminée, elle tint à lui préparer elle-même des provisions pour la route. Elle connaissait les goûts d'Azraël et en profita pour bourrer ses sacoches de ce qu'il préférait. Le jeune homme la regardait faire avec un sourire amusé.
   Il partit moins d'une heure après que Méline lui eut donné carte blanche. Il avait son deuxième cimeterre et son baudrier de navajas qui lui barrait la poitrine. Il se dirigeait vers le sud de Slar, puisque c'était là que le dernier tourbillon noir avait été signalé. Furnerius allait d'un pas alerte, sans paraître soucieux du danger qu'il sentait par Azraël. L'étalon était plus confiant que son maître et ami, qui semblait calme, mais qui, intérieurement, se demandait ce que ses forces limitées pouvaient bien faire.

   Il était à peine sorti de la ville qu'une grande jeune femme se dressa devant lui. Ses longs cheveux noirs étaient coiffés en couronne sur la nuque et ses yeux d'un bleu très pâle étaient fixés sur Azraël. Dès qu'il la vit, Furnerius s'arrêta de lui-même, soufflant fortement entre ses antérieurs.
    - Je suis Illustra, dit simplement la femme.
    - Je sais, répondit tranquillement Azraël. Qu'as-tu à me dire, Illustra ?
   Aucun nom ne pouvait faire frémir Azraël, même celui de la plus grande déesse du panthéon avec Erza.
    - Des tourbillons noirs sont apparus sur Yslaire, ravageant tout sur leur passage. Sais-tu d'où ils viennent ?
    - Une intervention d'Erza pour donner un coup de main à Ordreth ? suggéra Azraël.
    - Exactement. Et tu vas essayer de te dresser contre ces horreurs d'origine divine.
   C'était plus une affirmation qu'une question. Azraël planta son regard insondable dans les yeux bleus de la déesse.
    - Je ne vais pas essayer, Illustra, je vais le faire, même si je dois donner ma vie pour cela.
    - Ton heure n'est pas encore venue, énonça sentencieusement Illustra.
   Azraël eut un sourire aigu.
    - C'est bien aimable de ta part. C'est toujours rassurant de savoir des choses pareilles.
    - Je ne plaisante pas, Egan ! Ou Azraël... Qu'importe le nom que tu adoptes, ta vie est utile. Tu ne dois pas la gâcher inconsidérément.
   Azraël se pencha légèrement et vint regarder Illustra face à face.
    - Ecoute-moi, toute déesse toute-puissante que tu sois, ma vie n'appartient qu'à moi et j'en ferai ce que j'en voudrais ! Rien ne m'empêcherait de me tuer tout de suite, là, sous tes yeux !
    - Si : ta haine de l'ange noir. Ne crois pas, Azraël, que cette haine me soit inconnue ! Pour elle, pour l'assouvir, tu irais jusqu'à décimer tous les Fils des Ténèbres et tous les chevaliers du chaos pour survivre ! Alors, à ton tour, écoute-moi, fils de l'ange noir ! Il y a un moyen de vaincre les tourbillons noirs. Pour d'abord les immobiliser, tu dois les cristalliser. Tu sais le faire. Tu utiliseras ton cristal indestructible. Mais ensuite, pour détruire ces tourbillons de cristal... il te faudra une arme spécifique, une arme que tu n'as pas encore... Mais quelqu'un d'autre te parlera de ceci en temps utile.
    - Le cristal..., répéta Azraël. Béni soit le jour où j'ai décidé d'entrer dans cet ordre !
    - Bien sûr, tu ne peux lutter seul contre les tourbillons noirs, reprit tranquillement Illustra. Erza a eu un peu la main lourde sur le sujet. Tu dois demander de l'aide.
   Azraël rit doucement.
    - Elle est toute trouvée, cette aide ! J'ai eu une vision, il y a peu de temps. Envoyée par Zubaran et Jarlinn, je suppose. Celui qui m'aidera se nomme Fingar et est chevalier du cristal.
    - Je lui porterai le message que tu voudras bien me remettre. Comment lui démontrer de façon sûre que je viens bien de ta part ?
    - Dis-lui qu'Egan Pendragon t'envoie et que, un jour, il lui montrera sa fiancée Inguz.
   Illustra leva les sourcils devant ce message étrange ; Azraël haussa les épaules.
    - Je te laisse le soin de lui expliquer pour les tourbillons noirs. Mais interdis-lui bien de mêler Moronoë à tout cela ! Elle s'épuiserait bien trop vite.
   Illustra inclina simplement la tête et disparut. Azraël eut un sourire moqueur.
    - C'est là que je préfère Vilya, marmonna-t-il entre ses dents. Au moins, elle, elle me souhaite toujours bon courage quand je vais me lancer tête la première dans une entreprise insensée !
   Furnerius se remit en route, paisiblement. Azraël le fit passer au trot, puis au galop quand il jugea que ses muscles étaient suffisamment échauffés. Et finalement, trop vite à son goût, il se trouva face à un tourbillon noir. Furnerius pila net, les jambes tremblantes, soufflant nerveusement, roulant les yeux, mais restant stoïquement à sa place, tant était grande sa confiance en Azraël. Le jeune homme, lui, sentit le coeur lui manquer en voyant les ravages que cette horreur faisait sur son passage.
    - Enfer et damnation ! jura-t-il. Comment puis-je donc cristalliser une pareille tornade ?

   Pour la première fois de sa vie, Azraël connut la peur insidieuse qui montait lentement en lui. Il se forçait à garder son calme, mais tremblait presque autant que Furnerius. Il descendit de cheval et respira à fond. Il voulut tirer Furnerius en arrière, mais l'étalon, hypnotisé par l'horreur vivante devant lui, refusait de bouger. Azraël l'exhorta, d'une voix presque suppliante, mais Furnerius n'entendait rien. Il était figé de peur.
   Alors Azraël, pour la première fois aussi, frappa son étalon : il tendit la main en arrière et abattit une claque sèche sur l'arrière-train de Furnerius. Celui-ci fit un bond en arrière. Azraël le poussa plus en arrière encore, mais c'était fini ; ni les claques sur le postérieur, ni les coups sur les naseaux tendres ne parvinrent à le faire bouger désormais.
    - Va-t'en ! hurla Azraël. Va-t'en, je ne veux plus te voir, bon à rien ! Allez, fiche-moi le camp !
   Furnerius, ramené à la réalité, renâcla et regarda Azraël avec reproche. Le jeune homme s'en moquait. Il leva la main et l'étalon s'esquiva. Azraël le poursuivit sur quelques mètres, plus l'insulta de nouveau, lui ordonnant de s'en aller. Le cheval ne bougeant pas, il se baissa pour ramasser un caillou. Quand il se redressa, Furnerius avait disparu.
   Il eut un sourire attristé et se retourna vers le tourbillon noir, sentant avec angoisse ses membres se glacer de peur. Il avait sa fierté et ne voulait pas qu'il y ait un quelconque témoin de son échec, même s'il s'agissait de Furnerius. Il respira profondément, perdit son regard dans les méandres sombres et tendit les mains devant lui. Il les vit trembler et fronça les sourcils. Maintenant qu'il avait compris que sa mort était proche, mais qu'il avait sauvé Furnerius, son calme commençait à revenir, aussi fut-il mécontent de se voir trembler comme un enfant.
   Il se répéta lentement tous ses titres et le rang qu'il avait acquis dans l'ordre en question, se pénétrant bien de l'importance de chacun ; ses mains s'immobilisèrent et Azraël se concentra. Il savait bien qu'il ne pouvait pas cristalliser le tourbillon comme il cristallisait un arbre : le tourbillon aurait continué à dévaster la contrée, en étant de cristal, mais sans rien de plus. Une idée insensée germa dans son esprit et il sut que si jamais il survivait au tourbillon, il courait le risque de mourir d'épuisement.
   Ses yeux se fermèrent à demi, son regard attentif suivant les moindres évolutions du tourbillon entre ses paupières. Ses doigts s'arquèrent un peu, puis Azraël prononça les premiers mots du sortilège. Huit énormes colonnes de cristal surgirent du néant, entourant le tourbillon en suivant le contour d'un carré. L'effort fourni fut tel que Azraël se retrouva à genoux, haletant, les muscles gourds, les bras lourds. Mais la deuxième partie du sortilège devait être prononcée tout de suite ou le tourbillon allait s'échapper.
   Les paroles franchirent les lèvres d'Azraël en un effort prodigieux, quand tout son corps ne tendait plus qu'à s'abattre au sol et oublier. Lentement, progressivement, les colonnes de cristal se rapprochèrent les unes des autres, si près que le tourbillon finit par être bloqué et Azraël crut entendre comme un hurlement de frustration, ce qui lui donna un regain d'énergie. Il se força encore et encore, dépassant ses propres limites, pour que les colonnes se rapprochent toujours plus, finissant par se fondre les unes dans les autres. Au travers du cristal, on apercevait encore le noir du tourbillon, mais peu à peu, celui-ci se figea, pour devenir aussi étincelant que la branche d'arbre cristallisée par Fingar.
   Ce ne fut qu'alors qu'Azraël s'effondra à terre, vidé de toute force. Il roidit sa volonté pour se relever, mais rien n'y fit. Il en était incapable. Des larmes lui montèrent presque aux yeux, tant son impuissance était grande ; son insolente vigueur avait disparu, ce n'était plus qu'un homme épuisé et devant ce spectacle, Méline aurait été choquée au plus profond de son âme. Malgré sa faiblesse, Azraël n'abandonnait pas ; il ne voulait pas rester au sol comme un vaincu et raidissait ses muscles. Lentement, il parvint à glisser un genou sous sa poitrine et à s'en servir comme levier. Il était donc à genoux, les mains encore au sol, la tête baissée, haletant, quand un éclair lumineux à côté de lui vint briller dans son oeil.
   Il s'agissait d'une jeune femme aux longs cheveux d'un vert foncé et aux yeux noirs, la peau très blanche. Azraël n'avait pas besoin de la regarder très longtemps pour connaître son identité ; il se força à se redresser et s'assit sur ses talons, humilié d'avoir été surpris dans cette position de faiblesse.
    - Divine Shuqra, fit-il d'un ton grincheux.
    - L'humilité ne te sied pas, Egan, répondit la déesse d'un ton doux, s'asseyant gracieusement à côté d'Azraël.
   Le jeune homme ne lui renvoya qu'un regard hostile.
    - Mais certains d'entre nous ont besoin que tu les remettes à leur place, continua Shuqra avec un sourire désarmant.
    - Illustra, par exemple ? suggéra Azraël d'une voix rauque.
   Shuqra sourit de nouveau, mais ne répondit pas. Elle tourna son regard vers les colonnes de cristal, maintenant transformées en un tourbillon de cristal immobile.
    - Erza, dans sa fureur de voir des mortels se dresser encore contre elle, décida de les arrêter une bonne fois pour toutes, dit-elle de la même façon que les bardes racontaient des sagas. Sa colère oblitéra son jugement et elle déchaîna sur Yslaire les forces des tourbillons noirs. A peine eut-elle achevé son geste qu'elle comprit sa folie et, impuissante, elle assista aux ravages qu'elle avait elle-même causés.
    - Ça fait plaisir de voir que même les dieux peuvent se sentir impuissants, murmura Azraël.
    - Les tourbillons noirs maintenant lâchés ne pouvaient plus être contrôlés, ni par les dieux, ni par les humains. Aucune créature humaine déjà née ne pouvait les renvoyer au néant et Erza ne disposait pas non plus des forces nécessaires. Ce fut alors qu'elle se souvint d'une des faiblesses des tourbillons noirs et qu'elle choisit un chevalier du cristal pour s'opposer à ce qu'elle avait elle-même déchaîné.
   Elle s'interrompit, puis regarda Azraël d'un air troublé.
    - Sache-le, Egan, que les dieux t'ont choisi pour lutter contre les tourbillons noirs, car ton nom résonne si fort que le choix n'était pas vraiment nôtre. Mais sache aussi que tu devras trouver une arme redoutable pour mettre fin à leur terrible menace, car la cristallisation ne suffit pas. Ils sont maintenant impuissants, mais viendra un moment où ils reprendront leurs forces et briseront la gangue de cristal qui les entourent. Et alors... Yslaire sera en grand danger, car il te faudra donner ta vie pour immobiliser un seul tourbillon. L'effort t'a été difficile aujourd'hui, mon fils... Il sera mille fois pire la fois où tu essaieras de cristalliser un tourbillon qui se sera libéré.
    - Combien de temps durera la gangue de cristal ?
    - Assez longtemps, mon fils, mais tu ne devras pas tarder quand même. Je sais que tu mènes ta vie tambour battant, Egan, mais crois-moi, tu devras faire le sacrifice de ta tranquillité pour débarrasser ton monde de la menace.
    - Quelle tranquillité, Shuqra ? Celle que m'accordent Ankrist et Shilka, parce qu'ils n'ont pas fini de mettre leur nouveau plan au point ? Celle que me donnent les suppôts d'Ordreth ?
    - Non, mon fils. Je parle de celle que t'offrent ceux que tu provoques et recherches. Tu comprendras en temps voulu, Egan. Il te faut rejoindre Simon, Egan, il t'expliquera certaines choses. Sur ta route, tu trouveras d'autres tourbillons noirs. Erza a eu la main lourde sur la région de Slar. Nos voeux t'accompagnent.
    - Je saurais m'en contenter, fit aigrement Azraël.
   Shuqra fit mine de partir, puis se frappa théâtralement le front.
    - Je n'ai vraiment pas de mémoire ! s'exclama-t-elle en essayant de dissimuler son sourire. J'allais oublier quelque chose... De la part d'Indis, ajouta-t-elle en posant sa main sur la tête d'Azraël.
   Aussitôt, la fatigue du jeune homme s'envola et il se sentit en pleine forme.
    - Et n'oublie pas ton fidèle compagnon, lui recommanda Shuqra juste avant de disparaître.
   Azraël se retourna. Furnerius était là, sans le moindre reproche dans le regard intelligent. Le jeune homme alla à lui et le caressa.
    - Tu savais bien que je ne pensais pas un mot de ce que je disais, hein ? murmura-t-il affectueusement à son cheval. C'était pour te sauver, grosse bête ! Allez, viens, nous devons, paraît-il, rejoindre Simon. En route !

Texte © Azraël 1996 - 2002.
Bordure et boutons Black Cat, de Silverhair

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