Incontestablement, il est l'unique maître ici.
Il n'est pas jusqu'au rideau qui ne lui obéit !
Cet opéra, c'est son royaume personnel
Et son caprice le gouverne d'un geste, d'un appel !
Ne songez même pas à vous rebeller, madame l'enragée :
Il maîtrise des forces plus puissantes qu'une armée !

Sans lui, cet opéra n'aurait jamais vu la lumière.
Il connaît par coeur l'histoire de chaque pierre,
La date où elle a été posée et qui l'a scellée !
Pour cet endroit, il a voulu, et obtenu, la renommée !
Et tous ceux qui sont passés ici ont cédé à son caprice,
Se trouvant récompensés de cette faiblesse au moment propice.

Il peut vous rendre folle ou vous faire sourire,
Il peut briser une carrière en un éclat de rire,
Non seulement ici, mais dans le monde entier s'il le souhaite !
Car la notion de limite n'existe pas dans sa tête !
Et s'il décide qu'il n'aime pas la prima donna,
Son caprice sera aussitôt obéi : on la chassera !

Quand il n'aime pas quelqu'un, il le fait vite savoir
Et il est très déconseillé de se heurter à son vouloir...
Prenez garde ! Il n'y a jamais deux avertissements
Et son caprice fait rarement preuve de sentiments.
Si vous déclarez la guerre, vous perdrez dès le premier combat
Et il vous le fera regretter jusqu'à souhaiter le trépas !

Que ses choix vous paraissent raisonnables ou non,
On ne discute pas quand il émet une opinion.
Son caprice peut se montrer fort accomodant
Pourvu que personne n'entrave son dernier plan.
Et si ce que l'on fait ne suit pas sa loi,
Il ira, croyez-moi, jusqu'à détruire cet endroit !