Nuit

L'heure du berger

Quand viennent les heures sombres
Où tout peut enfin s'allumer,
Où les vies ne sont plus qu'ombres,
Quand restent les rêves à inventer,
Paraît l'astre au front d'argent,
Illuminant la nuit de velours
Et s'installe pour un temps
Un règne qui devrait durer toujours.

Et sur la Terre ensommeillée,
Que drapent les ténèbres de la brune,
Se répand la douce lumière cendrée
De notre lointaine mère la lune.
Tous à égalité, palais comme décombres,
Au coeur des nuits éternelles
Et à l'heure des grandes ombres,
S'allument les feux des immortelles.

Depuis le fond des âges,
Elle rompt les obscurités pesantes
Et sa face change sans dommages
Quand les étoiles restent lentes.
Ô toi, glorieux flambeau de la nuit,
Reflet argenté de l'étoile du matin,
Au sein de l'ombre qui s'abat bien avant minuit,
Tu sais que ton règne prendra fin le lendemain.

Mais tu tiens à soutenir ton rang,
Sans faiblir, avec ton sourire maternel,
Même si tu veilles sur les heures de sang,
Car il en est qui vers toi lancent leur appel.
Pour ceux qui tendent vers toi leurs mains suppliantes,
Tu te fais toute de douceur et de rondeurs
Et tu décrois en berceau aux couleurs chatoyantes
Pour consoler l'enfant aux yeux emplis de pleurs.

Toi qui vis à l'heure des fantômes dans la pénombre,
Ô reine de la nuit, tu es l'inspiratrice de l'initié.
Toi qui rêves des douze coups de minuit dans l'ombre,
Toi qui n'apparais qu'à l'heure du berger,
Ta lumière nous donne l'habitude de l'éternité
Même quand la voûte infinie du ciel se défait,
Avec l'aurore aux doigts de rose qui vient te détrôner,
Car elle est pour nous symbole de paix.

Midnight Still Life, de Jeffrey K. Bedrick
Midnight Still Life
Copyright © Jeffrey K. Bedrick.
Used with permission

Je fais partie intégrante des ténèbres.
Azraël

Légendes nocturnes

Le ciel s'assombrit peu à peu,
Voilant l'azur ténébreux
Et les étoiles paraissent une à une,
Illuminant la sombre parure brune
D'une infinité de points argentés,
Et une nouvelle fois, les nuages sont écartés.
Laisse-toi envahir par la magie du soir,
Quand chaque étoile est un grain d'espoir,
Quand l'obscurité couvre les océans aux tourbillons profonds,
Couvre les mers aux gouffres immenses jusqu'aux horizons.
Et la lune montre sa face livide au jour,
Comme sortant d'un long séjour
Dans les ténèbres grises des orages,
La laissant entourée d'un halo de nuages.
Dans la douce beauté un peu mélancolique,
Ecoute le vent frais de la nuit magique.
L'entends-tu, ce vent de minuit,
Qui écarte de toi tout ce qui fait l'ennui,
L'entends-tu souffler au-dessus des neiges éternelles,
Dans le tourbillon des lumières irréelles,
Sombre flamme luttant contre la tempête,
Dans la nuit où résonne la voix d'un prophète ?
A le voir debout devant cet empire infini,
Au cœur duquel seul le vent frémit,
Tu sais qu'il est maître de la foudre nocturne
Et bien plus seigneur du temps que Saturne,
Tu sais qu'il a connaissance de l'éternité
Quand bien même il la tient éloignée de son humanité.
Pour te donner un avant-goût de l'immortalité,
Ainsi qu'il le dit lui-même, ainsi qu'il l'a chanté,
Au sein de la nuit profonde,
A la beauté vespérale du monde,
Où quelques lumières subsistent encor,
Je te donne rendez-vous avant l'oubli de la mort

Pour parler des légendes nocturnes.

Ochimo the Spirit Warrior, de Jeff Easley
Ochimo the Spirit Warrior
Copyright © Jeff Easley.

Moonlight Menagerie, de Jeffrey K. Bedrick

Moonlight Menagerie
Copyright © Jeffrey K. Bedrick.
Used with permission

Midnight Still Life. Copyright © Jeffrey K. Bedrick. Used with permission
Une belle dame et sa licorne, par un dessinateur anonyme...
Ochimo the Spirit Warrior. Copyright © Jeff Easley.
Moonlight Menagerie. Copyright © Jeffrey K. Bedrick. Used with permission
Bordure et boutons Dancing Goddess, de Silverhair

The Art of Jeffrey K. Bedrick

Silverhair