Tu m'as vu naître, tu m'as vu grandir
Et toujours ton amour s'est fait sentir.
Jamais ta présence ne m'a fait défaut
Et ton nom a été mon premier mot.
Tu as remplacé cette mère que je n'ai jamais vue,
Tu fus pour moi cette famille que je n'ai jamais connue
Et je ne suis jamais tombé de tout mon long
Sans t'entendre me consoler et me demander pardon.
Terre natale, terre vitale, regarde-moi à présent !
Terre natale, si sentimentale, regarde ton enfant !
J'ai grandi, mais mon coeur ne t'a pas quittée,
J'ai grandi, mais jamais je ne t'ai oubliée !
Tu m'as donné amour, force et puissance,
Tu m'as appris ce qu'étaient la fierté et l'espérance !
Ta magie a coulé en moi, a envahi mon corps
Et le pouvoir de guérison a afflué sans effort !
Terre natale, terre loyale, tu as porté mes pas d'enfant,
Terre natale, si impériale, tu ne m'as donné que tendresse pourtant...
Aux étrangers, tu offres les fruits de tes arbres vigoureux
Et tu donnes la magie à tes natifs les plus courageux !
Terre natale, tu as fait de moi l'homme que je suis,
Tu m'as dévoilé les mystères de la profonde nuit,
Tu m'as permis de regarder les puissants avec fierté
En me faisant métamorphe, ô terre natale, terre de liberté !
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Evening comfort
Copyright © Jim Warren
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Tu m'as donné ta force durant vingt longues années,
Tu m'as montré des arbres les bourgeons, des animaux les portées,
Tout ce qui était tien, tu me l'as offert avec promptitude :
Les grands espaces, la liberté, mais aussi la solitude.
Tu as fait de moi le loup puissant et rapide,
Me faisant sentir sous mes pattes la mousse humide,
Tu as fait de moi le corbeau au vol fier et altier
Pour que je puisse survoler mon exil forestier.
Terre d'exil, terre de larmes, reçois ma tristesse,
Terre d'exil, si désolée à mes yeux, je le confesse :
Tu m'as tout donné et pourtant je voudrais te meurtrir,
Comme un ingrat, toujours je n'aspire qu'à partir !
J'ai dépassé les cimes de tes arbres les plus hauts,
J'ai trouvé toutes les sources de tes eaux,
J'ai noyé ma rancoeur dans ta puissance
Et j'ai refusé à mon coeur la paix au goût rance.
Terre d'exil, terre de douleur, tu t'es voulue douce,
Terre d'exil, si tranquille, tu es venue à ma rescousse,
T'offrant à être mon havre, mon refuge, loin de la haine,
Mais ton calme n'a fait qu'augmenter ma peine !
Terre d'exil, tu as détruit ce que j'avais d'humain,
Pour ne plus laisser que le loup, le corbeau et le chagrin.
J'ai essayé de me cacher dans ta forêt et ta brume,
Mais la haine m'y a suivi, ô terre d'exil, terre d'amertume !
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Ghostwood
Copyright © Stephanie Pui-Mun Law 1999.
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Pendant vingt ans, je t'ai décriée sans cesse
Et maintenant, je reviens vers toi et ta tendresse !
Je reviens, repenti, comme un pénitent contrit,
Espérant que ton embrasse m'apportera l'oubli.
Plus rien ne compte maintenant pour moi que ton pardon :
Jamais plus je ne partirai, j'ai bien retenu la leçon !
Ouvre-moi tes bras et reçois ton fils blessé,
L'âme déchirée, le coeur brisé et le regard aveuglé !
Terre d'asile, terre fertile, pardonne à ton enfant,
Terre d'asile, si fragile, reçois mon dévouement !
J'ai mûri et souffert plus que je ne le croyais possible
Et je n'espère plus qu'en ton ombrage si paisible.
On a volé le seul oeil qui me restait encore,
On a mutilé mon coeur comme à celui que l'on abhorre,
On m'a arraché les dernières illusions de mon âme
Et j'ai compris que c'était ma punition pour avoir été infâme.
Terre d'asile, terre en péril, essaie de me pardonner !
Terre d'asile, si gracile, je viens te supplier !
Pendant vingt ans, tu m'as toujours nourri
Pendant que d'autres souillaient ton sol affaibli !
Terre d'asile, laisse-moi te soigner, te guérir !
Laisse-moi lutter pour toi, refuse de dépérir !
Nous serons désormais unis comme la nuit et le jour,
Comme la mère et le fils, ô terre d'asile, terre d'amour !
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Mother Nature
Copyright © Jim Warren
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