Didon
Vénus, rends-moi ton fils ! Ah ! Inutile prière !
Face à Didon, tous les dieux restent de pierre !
Pour les Troyens, Vénus veut la gloire
Et la rive de Carthage n'est pas une assez belle victoire !
Vénus, rends-moi ton fils ! Ecoute ma prière !
Veux-tu donc que la mort ferme ma paupière ?
Ah, Vénus ! Pour Didon, ton fils est la seule lumière
Et tu le sais, puisque tu m'as fait devenir sa prisonnière !
Vénus, rends-moi ton fils ! Ah ! Inutile prière !
Ah ! Qu'est-il donc advenu de Didon la fière ?
Je prie, je supplie, je m'humilie, le tout en vain !
De mes mains tremblantes, je vois s'échapper mon destin !
Vénus, rends-moi ton fils ! Ecoute ma prière !
Las ! Que ne puis-je revenir en arrière !
Et rester fidèle à la mémoire d'un époux mort
Plutôt qu'à un prince infidèle lier mon sort !
Vénus, rends-moi ton fils ! Ah ! Inutile prière !
A défaut d'Enée, je serai à Pluton tout entière
Et de ce pas, vers un délivrant trépas,
Se hâte celle qui fut la triste Elissa !
|