Enée
Les vents m'emportent vers l'Italie, cette terre inconnue,
Mais je ne peux détacher mes pensées d'Elissa si déçue...
Las ! Mes yeux restent fixés sur les remparts de Carthage
Et j'ai laissé mon coeur déchiré sur son rivage...
Ah ! Que sont ces flammes qui illuminent la cité ?
Qu'est-ce qui brûle ? En faveur de quelle déité ?
Elissa ! Elissa ! L'angoisse me saisit violemment !
Elissa ! Qu'as-tu fait ? Ah ! Tu n'as pas cru mon serment !
Revenons à Carthage ! Cette ignorance m'est trop pénible !
Ah ! Les dieux sont contre nous et revenir est impossible !
Elissa ! Elissa ! Rassure-moi, ô ma reine adorée !
Dans quelle folie le désespoir t'a-t-il donc jetée ?
Ah ! Que sont ces flammes qui montent vers le ciel ?
Pour quelle raison ce bûcher à l'aspect sacrificiel ?
Elissa ! Elissa ! L'Erèbe inexorable m'entoure de sa nuit
Et je sens mon esprit s'égarer en voyant ce feu qui luit !
Enée ! Enée ! Qu'as-tu fait, malheureux, qu'as-tu fait ?
Non content de laisser Troie mourir sans connaître la paix,
Tu as déchiré le coeur d'Elissa, pour toi accueillante,
Et que ton départ a jetée dans une douleur violente !
Ah ! Que sont ces flammes qui se voient de si loin ?
Quel sombre dieu exige que ce feu soit ton seul soin ?
Elissa ! Elissa ! Le brasier dévorant ton beau visage...
Ah ! Elissa ! Cette seule idée me prive de courage !
Elissa ! Je t'aime ! Que les vents t'apportent mon cri !
Oh ! Crois en mon amour ! Je reviendrai, je l'ai promis !
Elissa ! Elissa ! Si ce feu signifie que tu meurs,
Sache que de l'autre côte du Styx, tu emportes mon cœur !
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