La chute de Troie : Et Cassandre pleura Mon coeur est mort Le trait de Cupidon
Fils de Cythérée Pardonnez au malheureux Enée Triste Elissa
Prière à Vénus Que te reste-t-il, Elissa ? La mort de Didon
Que sont ces flammes ? Enée aux Enfers : Les sombres rivages
Triste Elissa
Enée

Dois-je vous déchirer le coeur en cette triste heure,
Puisqu'il faut que l'un parte et que l'autre demeure ?
Les dieux ont parlé et je me dois de leur obéir !
Avec impatience, mon fils attend la patrie de son avenir !
Les Troyens s'impatientent, les dieux se courroucent
Et malgré moi, loin de vous, les vents me poussent !
Triste Elissa, pardonnez au malheureux Enée
Qui vous aime et qui vous laisse abandonnée !

Didon

Oublie Elissa et rends-moi le nom de Didon qui me cache !
Je redeviens errante : où est mon port d'attache ?
Comment espères-tu que je te croie à présent,
Alors que tu te prépares à rompre ton serment ?
Où est celui qui m'a juré fidélité, le fils de Cythérée ?
N'ai-je devant moi qu'un guerrier, le Troyen Enée ?
Ah ! Si j'étais vraiment Elissa, tu oublierais ces adieux,
Car Elissa est une déesse et tu obéis aux dieux !

Enée ! Enée ! Mes larmes n'attendrissent-elles pas ton cœur ?
Las ! Pour toi, j'ai tout bafoué, jusqu'à mon honneur,
Autour de Carthage, et dans l'enceinte de ses murs même,
La colère gronde parce que Didon te dit qu'elle t'aime !
Je t'offre un trône et toi, tu regardes vers la mer !
Didon s'humilie devant toi et tu refuses son amour offert !
Je suis toujours errante : au loin s'éloigne mon port d'attache !
Ah ! Oublie Elissa et rends-moi le nom de Didon qui me cache !

Didon & Enée

Ah ! L'ordre divin déchire mon coeur de douleur !
Mon amour pour vous faisait tout mon bonheur !
Ce départ commence un destin que frappera bientôt la mort !
Grâce ! Je vous aime, mais les dieux jouent avec mon sort !
Vénus elle-même à la mort d'Adonis ne pleura pas autant
Mais chacune de mes larmes vous dit quel est mon tourment !
Si vous me repoussez, seule la mort aura pour moi quelque attrait
Et je l'accueillerai à bras ouverts sans le moindre regret !

Quel dieu implorer, lequel se laisserait enfin fléchir ?
Oh ! Cette conspiration divine contre nous me fait mourir !
J'ai défié les dieux et maintenant, ils m'en punissent !
J'ai fermé les yeux aux nombreux signes qui avertissent
Et, écoutant mon coeur profondément blessé par Cupidon,
J'ai trahi un serment, n'appelant que la désolation
Quand je croyais atteindre l'amour tout-puissant !
Et maintenant, devant moi, se dresse le grand océan !

Enée

Triste Elissa, pardonnez au malheureux Enée,
Qui vous aime et qui vous laisse abandonnée !
Malgré mes larmes brûlantes sur vos mains,
Malgré ma connaissance des futurs dangers certains,
Je dois partir ! Troie mourante m'appelle sans relâche
Et son sang courroucé me fait souvenir de ma tâche !
Vous m'offrez un trône, mais où serait ma dignité
Si lâchement, de l'Italie je refusais le danger ?

Auparavant, quand le nom de Troie était encore fameux,
J'aurais sans hésiter accepté ce tendre et doux noeud,
Mais maintenant, que suis-je, sinon un vagabond
Que vous avez sauvé quand il était presque moribond ?
Laissez-moi conquérir de nouveaux lauriers en Italie,
Puis je reviendrai vous chercher, vous emmnenant en ma patrie !
Triste Elissa, pardonnez au malheureux Enée,
Qui vous laisse, mais dont vous êtes tendrement aimée !

Didon

Oublie Elissa et rends-moi ce nom de Didon qui me cache !
Je suis toujours errante : où s'en va mon port d'attache ?
Qu'est-ce que ce nouveau mensonge que tu viens de bâtir,
Dans l'espoir que je te croie et que je cesse de gémir ?
Ta mère fut une horreur par la Terre enfantée !
Non, jamais tu ne fus portée par la tendre Cythérée !
Jamais, je puis le jurer, tu ne fus le frère de Cupidon !
Puisque l'Italie t'appelle, va et oublie la triste Didon !

Poème Triste Elissa © 1999
Bordure et boutons Our lady of flowers, de Silverhair

Azraël's Graphics

Silverhair