La chute de Troie : Et Cassandre pleura Mon coeur est mort Le trait de Cupidon
Fils de Cythérée Pardonnez au malheureux Enée Triste Elissa
Prière à Vénus Que te reste-t-il, Elissa ? La mort de Didon
Que sont ces flammes ? Enée aux Enfers : Les sombres rivages
La chute de Troie : Et Cassandre pleura
Enée

Si tel est ton souhait, reine tendre pour le déshérité,
Ecoute la triste histoire de la chute de Troie, ma cité !
C'est un récit empli de douleur et de lourdes peines :
Et les larmes coulent et le sang se glace dans les veines !
Le revivre ravivera ma blessure encore ouverte
Et je cherche en vain les mots pour exprimer notre perte !

Les Grecs, par une traître et ultime perfidie,
Firent croire à leur départ, déclenchant notre euphorie.
Seule ombre à ce tableau, un monstrueux cheval
Se dressait sur la plage, source de tout le mal.
Chacun s'interrogeait sur son utilité, sans écouter
Cassandre qui criait de repousser ce cadeau empoisonné !

Ah ! Que ne l'avons-nous écoutée, la triste prophétesse !
Elle savait la chute de Troie et cela causait sa détresse !
Un espion grec et la mort de Laocoon par deux serpents,
Alors qu'il criait de détruire la future cause de nos tourments,
Achevèrent de nous décider : le cheval entra dans la cité
Et Cassandre pleura devant ce qu'elle appela la fatalité !

La nuit venue, les Grecs en armes sortirent du cheval
Et envahirent Troie, quand les Troyens, en cet instant fatal,
Dormaient du juste sommeil ! L'ombre d'Hector m'apparut
Et m'ordonna de fuir pour que Troie en vain n'ait pas vécu !
Avec une troupe amenée par Chorèbe, fiancé de Cassandre,
Nous délivrâmes la citadelle qui émergeait encore de la cendre !

Ah ! La chute de Troie aurait encore été supportable,
Si nous n'avions vu Cassandre, si belle et si pitoyable,
Pleurant et répétant : "Ah ! Troie meurt assassinée !",
Etre arrachée au temple de Pallas, par les cheveux traînée,
Suppliant la déesse qui détournait les yeux d'horreur
Tandis que Chorèbe s'élançait pour sauver celle de son cœur !

Las ! L'impétueux jeune homme fut tué devant sa fiancée
Et Cassandre pleura devant Troie qu'elle savait condammnée !
Je tairai les massacres que les Grecs perpétrèrent sans fin,
Mes yeux ont vu trop de sang pour vouloir raviver le chagrin.
Que dire des femmes de Troie, emmenées au loin captives,
Andromaque, Cassandre, Polyxène, plus mortes que vives !

La veuve d'Hector échut à Pyrrhus, le fils de celui qu'elle haïssait
Pour avoir tué sa famille et son époux qu'elle n'oublia jamais.
Polyxène fut sacrifiée sur la tombe d'Achille qui, dit-on, l'aimait,
Sous les yeux de la triste Cassandre, qui ne connut pas la paix.
Quant à la prophétesse elle-même, ce fut Agamemnon qui la reçut ;
Il essaya pour elle de sauver Polyxène, mais son espoir fut déçu.

Que dire de plus de la chute de Troie ? Au moment de m'embarquer,
Je remarquai l'absence de Créüse, mon épouse, et je partis la chercher.
Je ne trouvai que son ombre qui m'ordonna de partir sans tarder ;
Son destin était de rester à Troie où ma mère comptait la garder.
Et ainsi, avec mes compagnons, je pris donc la mer, attristé,
Pour finalement trouver les rives de Carthage et leur hospitalité !

Ah ! Comment oublier les avertissements de la pauvre Cassandre
Qui se lamentait encore sur Troie au moment de se défendre ?
Comment oublier ses cris que personne n'a voulu écouter,
Prophétesse méprisée quand elle ne révélait que la vérité ?
Pourquoi la désse s'est-elle détournée quand elle l'implora ?
Ah ! Que Troie n'est-elle tombée sans que Cassandra pleurât !

Poème La chute de Troie : Et Cassandre pleura © 1999
Bordure et boutons Our lady of flowers, de Silverhair

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