Je suis né ombre parmi les ombres
Et j'ai grandi dans les pénombres.
Mon âme s'est complue dans les méandres sombres
Mais mon coeur n'est plus que décombres.
Mon essence est devenue celle des tombes
Et j'erre indéfiniment seul dans les catacombes.
Je me dresse encore vainqueur après chaque hécatombe
Même si la mort n'a de cesse que je succombe.
Pas une seule seconde de ma solitude vagabonde
Je n'ai regretté la position précaire de ma vie moribonde.
Sans pleurer, mes yeux ont regardé s'écouler la pureté de l'onde
Quand derrière moi, résonnait toute la haine du monde.
Quand les cris de mort sonnent l'alarme
Et que je baisse les yeux sur mon arme
Où je vois perler sang et larmes
Alors seulement se dissipent ces maudits charmes.
Leur malédiction empoisonne mon âme
Et souille de façon indélébile ma flamme.
Partout, dans tous les yeux, je lis le blâme
A cause des fils de vie qu'a tranchés ma lame.
Mille et cent fois, j'ai entendu gronder leur orage
Et j'ai essuyé tous leurs outrages et toute leur rage
Après une nouvelle nuit de carnage
Quand j'en étais malade à en perdre courage.
Certains peut-être ont pensé que j'étais malheureux
A vivre ainsi, seul et toujours plus belliqueux
En choisissant un chemin des plus hasardeux
En étant la cible des risées et des propos venimeux.
Pourtant, j'ai découvert l'ombreuse beauté des ténébreuses,
J'ai entendu la voix mélodieuse des ensorceleuses
Et j'ai appris les nuits songeuses et les mystérieuses
Quand les danseuses merveilleuses se faisaient rêveuses.
Tous ces secrets m'ont dévoilé leur splendeur
Quand mon coeur cherchait son chemin en profondeur.
Quand je fuirai vers les ailleurs, que leur cri se meure
En entendant résonner de douleur les coups de ma dernière heure !
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